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D.R.
Interview par Philippe Escalier
Sonia Vollereaux

Dix ans après "Les Palmes de monsieur Schultz", Sonia Vollereaux revient au Petit Marigny. Depuis le 12 mai, mise en scène par Marion Sarraut, elle donne la réplique dans "Jeux d'rôles" à Pierre-Olivier Scotto, coauteur de la pièce. Cette comédienne au charme inné, sensible et spontanée, sur scène comme dans la vie, est tout simplement éblouissante !
Sonia, que se passe-t-il dans Jeux d'rôles ?

Une femme débarque dans la vie d'un homme. On va apprendre au fil des jeux de rôles qu'elle lui fait jouer, son identité et les raisons de sa présence. C'est un thriller à la Woody
Allen, très tendre, très drôle, où l'on dit des choses profondes sur un air de comédie.

Chez vous, la scène a toujours eu la priorité ?

Oui. J'ai refusé des projets pour me consacrer au théâtre. L'an dernier, on m'a proposé de devenir à l'écran la femme de Johnny Hallyday. Je n'ai pas pu le faire car c'est un homme qui commence à tourner tard et j'avais les contraintes de Lunes de miel (avec Pierre Arditi et Évelyne Bouix, ndlr).

Vous n'avez eu que des joies au théâtre ?

Le seul moment difficile c'est lorsque j'ai perdu mon père, en 1997. Je jouais Ma petite fille, mon amour avec Danielle Darrieux et Jacques Dufilho, une rencontre qui m'a beaucoup marquée. La pièce ne parlait que de la fille et du père, un mot que je disais au moins trente-sept fois par soir ! À un moment donné - le père aime tellement son enfant qu'il l'étouffe -, je disais : "Papa,
je voudrais que tu meures." C'est le moment où le mien décède d'une rupture d'anévrisme !
J'ai arrêté le théâtre pendant un an.

Pour revenir à vos débuts, vous avez fait un passage éclair à la Comédie-Française !

C'est un choix, je n'aimais pas du tout l'ambiance ! Je me suis dit que si je restais, j'allais
crever ! Un jour, j'ai regardé ma voisine en lui annonçant : "Là, tu me vois, mais demain je ne suis plus là !" Même si ce n'est pas facile de quitter une
telle maison.

Comment avez-vous découvert votre amour du théâtre ?

À la crèche ! (Rires.) On faisait une crèche vivante. J'étais haute comme trois pommes. Je jouais saint Joseph et je me suis vraiment prise au jeu !

En vous voyant sur une scène, on a le sentiment que tous les rôles vous sont permis comme dans Lapin, lapin où en petit garçon, vous avez obtenu un Molière en 1996 !

C'est gentil, en tout cas, j'aime tous les personnages, les rois, les clochards, les travestis, les gentils, les pervers. Tout m'intéresse. La passion des autres me taraude depuis l'enfance. Je suis quelqu'un qui observe. Il m'est arrivé un nombre de fois incalculable de rater des métros ou des bus parce que je venais de voir une personne qui m'intriguait. C'est instinctif. Je sais comment sont les autres, je ressens, je capte et je comprends. Du coup, j'ai dû apprendre à me protéger car certaines choses me font vraiment très mal. Même si j'ai une grande tolérance.

Vous auriez pu faire de l'humanitaire ?

Oui, vraiment. J'aurais pu être médecin, m'occuper des autres. Depuis quelques années, je donne de mon temps à une association, La Maison du soleil, qui récolte de l'argent pour les enfants atteints du sida. C'est important !
Paru le 14/06/2005