Nostalgie en paillettes
Avec Dérapage, les See Girls s'aventurent sur un versant plus sombre que dans leurs précédents opus. Le spectacle peine d'abord à trouver son rythme, étouffé sous une avalanche de costumes clinquants qui donnent l'impression d'une grande production en quête de sens. Mais, peu à peu, la mécanique se réenclenche : l'ADN pétillant et un brin irrévérencieux des See Girls refait surface, apportant cette nostalgie sucrée-salée qui fait tout leur charme. Un bon moment de music-hall, malgré un démarrage hésitant et un thème qui laisse parfois perplexe.

VOUS PERMETTEZ explore avec acuité les préjugés, la peur de l'autre et les mécanismes de cloisonnement qui structurent notre société. La pièce met en scène deux univers qui s'affrontent et se refusent, dans une joute d'incommunicabilité parfaitement orchestrée. Les quatre artistes incarnent leurs rôles avec une justesse remarquable, donnant à voir les crispations, les aveuglements, mais aussi les fragilités qui fissurent chaque camp. Ces failles, subtilement révélées, laissent entrevoir la possibilité d'un pont, d'un espace où quelque chose pourrait enfin se dire. Une belle soirée de théâtre réflexif, qui interroge sans asséner et laisse résonner ses questions bien après la sortie de la salle.

Les Amis du placard explore sans détour les zones d'ombre de la nature humaine et ses dérives les plus inquiétantes. Les personnages, volontairement stéréotypés, servent de miroir grossissant à ces comportements déshumanisés qui peuvent surgir dans l'ordinaire du quotidien. Grâce à une interprétation solide, les comédiens nous plongent rapidement dans cette fable noire, dont on ressort avec un véritable goût amer, comme si le spectacle avait soulevé un coin de voile sur une réalité que l'on préfère généralement éviter. Une pièce qui dérange autant qu'elle fait réfléchir, et qui remplit pleinement son objectif : bousculer la conscience du spectateur.

The Aborrtion Ship s'impose comme un plaidoyer puissant en faveur de la liberté des femmes. La comédienne, véritable colonne vertébrale du spectacle, y livre une performance remarquable : elle navigue avec aisance entre énergie, précision et émotion, nous entraînant au cœur d'un univers hospitalier où chaque geste, chaque mot, semble chargé d'urgence et de sens. Avec une présence intense et une conviction palpable, elle donne vie à un récit qui interroge, interpelle et rappelle l'importance fondamentale du droit de choisir. Un spectacle fort, maîtrisé et nécessaire, à découvrir autant pour la qualité de l'interprétation que pour la portée de son message.

Le Chœur des Femmes offre une plongée subtile et pertinente dans le fonctionnement de notre système médical, en mettant en lumière la distinction — et parfois la tension — entre « docteur » et « soignant ». On suit le parcours d'une jeune interne confrontée à une autre manière de pratiquer la médecine : plus attentive, plus humaine, plus centrée sur l'écoute que sur la technique pure. Cette transformation progressive constitue le véritable moteur dramatique du spectacle, et elle est portée avec sensibilité par une troupe jeune et engagée. La mise en scène, claire et efficace, accompagne ce récit de manière fluide et donne corps à un texte qui questionne la place de l'humain dans les soins. Une belle soirée de théâtre, éclairante et émouvante, à découvrir sans hésitation.

La Cabane de l'architecte raconte le parcours d'un jeune homme guidé par Le Corbusier, mêlant habilement histoire personnelle et mémoire collective. La mise en scène établit un parallèle subtil entre la vie de Robertino et l'enterrement du grand architecte, créant une dramaturgie originale et poétique. Les comédiens incarnent leurs personnages avec délicatesse et sensibilité, tandis qu'une mise en scène inventive immerge rapidement le spectateur dans ce récit historique.
Un moment de théâtre captivant et élégant, à découvrir.

C'est comme ça raconte avec intensité l'histoire d'une mère qui vient hanter son fils entre sa mort et son enterrement, tissant un dialogue impossible pour régler de vieilles querelles. Les personnages naviguent avec authenticité dans cette situation délicate, confrontés à leurs émotions et à l'influence de leur entourage. La pièce est bien interprétée, les comédiens donnant vie à des sentiments subtils et complexes. Les propos sont justes et profonds, offrant au spectateur une réflexion sensible sur les liens familiaux et les non-dits. Une sortie de théâtre agréable, à voir.

Il ne faut jurer de rien est une charmante comédie romantique où libertinage et amour s'affrontent avec légèreté. La jeune troupe porte cette fable avec un talent prometteur et beaucoup de passion. Si la mise en scène, volontairement outrancière au début, peut agacer, on se laisse vite happer par l'intrigue. Un spectacle pétillant à découvrir.

Cher Evan Hansen est une comédie musicale qui explore avec finesse les mœurs sociales et les tourments de l'adolescence. Le livret compose avec sensibilité un portrait de solitude et de désarroi, où un mensonge finit par devenir salvateur pour tout un microcosme. Les comédiens incarnent leurs personnages avec justesse et talent, tandis que la mise en scène, enrichie de vidéos en plein champ, permet au spectateur de plonger au cœur de ce drame social. Un spectacle émouvant et réussi, à découvrir.

Duras reporter : une France en clair-obscur
Le Monde extérieur est une balade dans les récits journalistiques de Marguerite Duras. J'y ai découvert son regard affûté et synthétique sur la France de l'époque. L'écriture est un véritable plaisir, et chaque article ouvre une fenêtre sur un monde différent. Un beau voyage dans la France des années 80.

Cette pièce sert de réceptacle à une multitude d'idées contemporaines sur la libération des femmes, mais manque cruellement de structure. La comédienne, pourtant engagée, navigue dans ce mélange confus sans démériter. Un spectacle reste avant tout un récit clair, ce qui fait ici défaut. Quant à Olympe de Gouges, elle n'est qu'un prétexte, ses idées véritablement révolutionnaires étant à peine effleurées.

Cette pièce nous entraîne dans l'univers opaque et inquiétant du dark web, à travers le regard d'une jeune femme qui s'y aventure avec une naïveté touchante. Sans se douter du danger, elle explore cet espace numérique où se mêlent idéologies extrêmes, manipulations et violences verbales, jusqu'à s'y retrouver elle-même piégée. La mise en scène, d'une belle inventivité visuelle, traduit parfaitement la tension croissante et la perte de repères du personnage. Les effets de lumière, les projections et la scénographie enveloppent le spectateur dans cette descente immersive au cœur des zones sombres d'internet. L'actrice, totalement investie, livre une performance à la fois fragile et puissante : elle incarne avec justesse la bascule entre curiosité, effroi et désillusion. Ce spectacle de qualité, à la fois contemporain et nécessaire, questionne notre rapport à la technologie et à la violence invisible qui s'y niche. Une expérience théâtrale troublante et pertinente.

"La tête ailleurs" nous plonge dans l'univers intime d'une jeune femme en quête d'elle-même. L'écriture, claire et bien structurée, dévoile progressivement un mystère intérieur avec une belle finesse narrative. Derrière les apparences du quotidien, on découvre peu à peu une profonde blessure, une fragilité dissimulée que la mise en scène rend palpable sans jamais tomber dans le pathos. Les deux comédiens livrent une interprétation juste et touchante, donnant vie avec sensibilité à cette aventure humaine entre rêve, douleur et espoir. Le spectacle réussit à mêler réalisme et émotion, et offre un moment de théâtre sincère et émouvant. Un beau travail d'équilibre, à voir pour la délicatesse de son propos et la qualité du jeu.

Ce cirque Hourvari installé aux confins de la banlieue est une découverte, tant par la qualité des artistes que par l'ambiance singulière du lieu. Les performances sont remarquables, portées par des acrobates d'un beau niveau technique. Chaque numéro témoigne d'une maîtrise impressionnante et d'un engagement total, notamment la femme sur le fil, d'une élégance rare, et le tableau final autour de la planche sautoire, d'une puissance visuelle à couper le souffle.
Cependant, le fil narratif qui tente de relier ces prouesses reste un peu confus et désoriente le spectateur, sans vraiment apporter une dimension supplémentaire à l'ensemble. Malgré cela, le plaisir du spectacle vivant et la générosité des artistes emportent l'adhésion. On ressort admiratif,, tout en se disant qu'avec une histoire plus claire, le spectacle aurait pu devenir tout simplement exceptionnel.

Cette histoire originale et touchante suit le parcours d'un comédien recalé pour le rôle mythique d'Harry Potter, et explore avec finesse l'impact d'un échec sur une vie entière. Entre désillusion, humour et résilience, le récit dévoile les fêlures et les espoirs d'un artiste confronté à la cruauté du destin et aux aléas de la notoriété manquée. Les comédiens, d'un grand talent, passent avec aisance d'un registre à l'autre, offrant une interprétation vive, nuancée et pleine d'énergie. La mise en scène, rythmée et inventive, accompagne parfaitement ce récit initiatique où le rire se mêle à l'émotion. Un spectacle à la fois drôle, sincère et profondément humain, qui interroge avec tendresse ce que signifie "rater sa chance" dans une société obsédée par la réussite.

"So Churchill" retrace avec précision et respect le parcours du célèbre homme d'État britannique, figure majeure du XXᵉ siècle. À travers ce récit, le spectateur redécouvre la puissance de caractère, la verve légendaire et la complexité de Winston Churchill, cet orateur hors pair dont l'esprit vif et les mots acérés ont marqué son époque. Le spectacle nous entraîne dans les grandes heures de l'Histoire, des crises politiques aux moments de gloire, tout en esquissant les failles et les doutes d'un homme confronté au poids de ses responsabilités. L'interprétation est juste et élégante, rendant hommage à la grandeur du personnage sans tomber dans la caricature. Cependant, malgré la qualité du jeu, le rythme peine parfois à s'imposer, et l'ensemble manque d'un souffle épique à la hauteur du destin évoqué. Cette proposition demeure néanmoins un voyage instructif et soigné au cœur d'une figure emblématique, qui séduira les amateurs d'histoire et de beaux portraits d'hommes d'État.

"Killer Joe" nous plonge au cœur de l'Amérique profonde, celle où la misère, la violence et la désillusion se confondent dans une humanité abîmée. Dans cette fable crue et sans fard, la prostitution et le crime se côtoient dans une indifférence glaçante, révélant un univers où la survie prime sur toute morale. Chaque personnage, prisonnier de ses propres failles, tente d'exister en influençant, souvent tragiquement, la vie des autres. C'est un monde d'égoïsmes, de rancunes et de rêves déçus, où chacun cherche à tirer parti de ce qu'il peut avant que tout ne s'effondre. L'interprétation, habitée, donne chair à ces êtres à la dérive, tandis que la mise en scène, sobre mais inventive, renforce la tension dramatique et met en relief la brutalité du propos. Ce spectacle, à la fois dérangeant et captivant, dresse un portrait sans concession de la nature humaine, entre cynisme et désespoir. Une soirée de théâtre intéressante .

Le spectacle La Misérable explore avec sensibilité la vie singulière de Juliette Drouet, maîtresse et muse de Victor Hugo. À travers cette plongée dans l'intimité d'une femme de l'ombre, c'est tout un pan méconnu de la vie du grand écrivain qui se dévoile. La mise en scène soignée, construite en séquences, met habilement en lumière les émotions et les contradictions de cette relation hors du commun. Elle offre un écrin subtil à la performance remarquable de Julie Depardieu, dont l'interprétation nuancée et habitée confère à Juliette Drouet une véritable humanité. Entre passion, dévotion et solitude, le spectacle trace un portrait émouvant d'une femme qui a tout donné à l'amour et à l'art. Une création élégante et sensible, qui mérite assurément d'être découverte.

"Tous les chiens sont roses" explore la rencontre improbable entre un fils et sa mère disparue. Ce thème, déjà abordé au théâtre, retrouve ici une dimension intime et tendre, bien que le traitement manque parfois de profondeur analytique. Les deux comédiens, plein d'énergie et d'émotion, parviennent à rendre touchante cette relation suspendue entre le réel et l'imaginaire. Leur complicité donne vie à un échange empreint de nostalgie, où le rire et la peine se frôlent.
L'ensemble compose un spectacle sincère et humain, agréable à suivre, mais qui aurait gagné à creuser davantage la dimension psychologique et symbolique de cette rencontre.

La pièce Une Équipe formidable aborde avec justesse et modernité les coulisses d'un tournage de film, un univers souvent méconnu du public. Le texte met en lumière les rapports complexes entre les différents membres de l'équipe, soulignant la transformation des relations professionnelles à une époque où la figure autoritaire du metteur en scène tend à s'effacer au profit d'un travail plus collectif. Les non-dits, les malentendus et les tensions sous-jacentes nourrissent une intrigue à la fois humaine et réaliste, dans laquelle le thème du respect occupe une place centrale. Si la mise en scène est efficace et que l'ensemble reste agréable à suivre, la pièce aurait gagné à explorer davantage la profondeur psychologique des personnages, afin d'apporter plus d'émotion et de relief à cette comédie de mœurs contemporaine. Un spectacle intéressant par son propos, mais qui laisse le spectateur un peu sur sa faim.

La pièce Freedom Club se présente comme une fable contemporaine sur le rôle et le courage des lanceurs d'alerte face aux dérives technologiques et aux menaces qui pèsent sur notre société numérique. Porté par une mise en scène soignée et une scénographie immersive, le spectacle entraîne le spectateur dans une réflexion puissante sur la liberté, la responsabilité et le prix de la vérité. Les comédiens, investis corps et âme, livrent une performance vibrante, pleine d'intensité. La tension dramatique, savamment maîtrisée, donne à l'ensemble une force émotionnelle. Un moment de théâtre engagé et intelligent, qui interroge notre rapport au progrès et à la conscience morale.

Les Frottements du cœur est un récit profondément émouvant, porté par une écriture d'une grande sensibilité et une interprétation tout en justesse. Le spectacle aborde avec délicatesse le thème de la résilience, à travers une épopée intérieure qui mêle douleur, espoir et reconstruction.
Dès les premières minutes, le spectateur est happé par cette aventure humaine, à la fois réaliste et poétique. Le texte, riche et sincère, explore les petits battements de l'existence, ces instants de fragilité et de courage qui font avancer malgré tout. La mise en scène, fine et pudique, soutient parfaitement le propos : elle enveloppe le récit sans jamais l'étouffer, laissant toute la place à l'émotion et à la force des mots.Grâce à une interprétation sensible et vibrante, on ressort touché, presque apaisé, de cette traversée du cœur et de l'âme. Un excellent moment de théâtre, à la fois intime et universel, à ne surtout pas manquer.

Cette adaptation contemporaine de La Belle et la Bête revisite le conte classique avec une énergie nouvelle et un regard résolument moderne. Les dialogues, empreints d'humour et de références actuelles, insufflent à l'histoire une fraîcheur bienvenue tout en conservant la portée symbolique du récit originel. La mise en scène, rythmée et inventive, s'adresse autant aux enfants qu'aux adultes, offrant plusieurs niveaux de lecture. Les quatre comédiens, dynamiques et généreux, incarnent avec conviction leurs personnages et transmettent une véritable joie de jouer. Un spectacle vivant, accessible et intelligent, qui redonne à ce grand mythe de l'amour et de la différence une modernité réjouissante.

Dans Philosophons avec les fables de La Fontaine, Laura Lange propose une relecture à la fois vivante et réfléchie du célèbre fabuliste. Avec une présence scénique lumineuse et une parole claire, la jeune comédienne mêle habilement philosophie et poésie, donnant aux fables une profondeur nouvelle. Sa complicité avec le musicien, tout en subtilité, crée un dialogue harmonieux entre texte et musique, renforçant la dimension sensible du spectacle. Les réflexions proposées éclairent les fables sous un angle original, mêlant humour, sagesse et regard contemporain sur les travers humains. Un moment agréable et stimulant, qui invite à redécouvrir La Fontaine autrement.

Les femmes se lâchent aborde, sous forme de comédie, le thème encore sensible du regard porté par la société sur les relations entre une femme plus âgée et un homme plus jeune. Le sujet, prometteur et d'actualité, aurait pu donner lieu à une réflexion plus profonde sur les stéréotypes et l'évolution des rapports entre les sexes. Cependant, le texte privilégie le registre comique, au détriment du propos de fond, ce qui laisse un r sentiment de superficialité. Les deux comédiens, investis et sincères, parviennent néanmoins à maintenir l'intérêt du public par leur complicité et leur énergie. Un spectacle, qui amuse sans totalement exploiter le potentiel social et émotionnel de son sujet.

Le concert Sarina - Lève-toi se présente comme une célébration de la force intérieure et de la résilience. Sarina, portée par une voix d'une grande justesse et d'une belle intensité, livre un répertoire où s'entremêlent énergie, douceur et émotion. Les arrangements musicaux, soignés et équilibrés, soutiennent habilement le propos et révèlent la richesse de son univers artistique.
On peut toutefois regretter une interprétation parfois trop contenue, qui semble freiner l'élan expressif de l'artiste et la connexion émotionnelle avec le public. Malgré cela, l'ensemble demeure un moment musical sincère et harmonieux, empreint d'humanité .

Le spectacle Le Horla, d'après Maupassant, offre une plongée vertigineuse dans les méandres de la folie et de l'obsession. Porté par une interprétation magistrale, le comédien nous entraîne pas à pas dans la dérive mentale d'un homme hanté par une présence invisible, jusqu'à la perte totale de repères. La mise en scène, d'une sobriété maîtrisée, privilégie la tension intérieure et la puissance du texte, laissant toute la place au jeu de l'acteur. Chaque mot, chaque silence, chaque geste devient alors une porte ouverte sur l'inquiétante étrangeté du récit. Un moment de théâtre intense, troublant, où la folie devient presque palpable.

Le spectacle Martin Eden retrace avec sensibilité le parcours initiatique d'un homme du peuple en quête de reconnaissance et de liberté intellectuelle. Inspiré du roman de Jack London, ce récit d'émancipation sociale et spirituelle trouve ici une traduction scénique d'une grande justesse. L'interprétation, habitée et nuancée, rend parfaitement compte des contradictions du personnage principal, partagé entre ambition personnelle et idéaux humanistes. La mise en scène, centrée sur une voile mouvante — symbole fort de la liberté et du voyage intérieur — apporte une dimension visuelle remarquable. Dans le magnifique cadre du théâtre du Ranelagh, l'ensemble gagne encore en intensité, offrant un moment de théâtre profond et inspirant.

La pièce Ce qui reste d'un amour propose une magnifique exploration des méandres du sentiment amoureux. À travers un texte bien écrit, les deux comédiens incarnent avec justesse la quête de l'amour absolu, celui qui se heurte inévitablement à l'imperfection et au manque. Leur jeu, tout en nuances, oscille entre passion et désillusion, créant une tension émotionnelle qui traverse tout le spectacle. La mise en scène, sobre et élégante, accompagne cette introspection sans artifice, laissant toute la place à la sincérité des interprètes et à la puissance du verbe.
Un moment de théâtre intense, à la fois lucide et bouleversant, qui s'interroge sur la passion.

La fable Rapport pour une Académie explore la question de l'asservissement et de la perte d'identité, à travers une réflexion sur le statut de l'esclave et l'adaptation à la société dominante. L'interprétation, juste et maîtrisée, donne du relief à ce texte dense et symbolique. La mise en scène, sobre et dépouillée, laisse toute la place à la parole et à la gestuelle du comédien, renforçant ainsi la portée philosophique du propos. Cependant, le spectacle laisse une impression d'inachèvement : certaines pistes, notamment sur le sens de la transformation ou sur la justification du renoncement, auraient mérité d'être davantage approfondies. L'ensemble demeure un moment de théâtre intelligent et stimulant, qui suscite la réflexion, même s'il aurait gagné à creuser davantage son sujet.

La nouvelle création d'Elizabeth Czerczuk, Eros-Hypnos, otwarta brama, s'impose comme une expérience scénique singulière, à la croisée du théâtre, de la danse et de la performance.
Fidèle à son univers, la metteuse en scène propose un voyage sensoriel et troublant, où les corps deviennent langage et les émotions, matière dramatique. La musique jouée presque en direct et la présence d'interprètes d'une grande intensité participent à la création d'un monde onirique, parfois déroutant mais toujours captivant. Ce spectacle, véritable OVNI théâtral, interroge la frontière entre rêve et réalité, vie et inconscient. Un moment d'art total, stimulant et audacieux, qui laisse le spectateur à la fois fasciné et songeur.

Le spectacle Norma Jeane Baker de Troie propose un parallèle audacieux entre deux figures mythiques de la féminité : Marilyn Monroe et Hélène de Troie. Cette association, ambitieuse et pleine de promesses, interroge la condition des femmes prisonnières de leur image et du regard des autres. Cependant, malgré une interprétation habitée et une belle énergie scénique, le propos peine à trouver sa cohérence. Les intentions semblent parfois brouillées, et le message, pourtant fort, se dilue dans une mise en scène qui manque de clarté. L'ensemble demeure un objet théâtral intriguant, porté par le talent de l' interprète, mais dont l'émotion et la profondeur restent en partie inexploitées.

Ce nouvel opus de Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus reprend les thèmes bien connus du spectacle original, centrés sur les différences et les incompréhensions entre les sexes. Malgré quelques mises à jour et une présentation plus actuelle, cette version 2.0 n'apporte pas de véritable renouveau dans le propos. Le spectacle conserve son ton humoristique et accessible, mais reste dans la continuité sans offrir de regard neuf sur ce dialogue éternel entre hommes et femmes. L'interprétation reste plaisante et énergique, mais l'ensemble manque d'un souffle nouveau pour surprendre ou approfondir le sujet.

Ce spectacle surprend par sa construction et ses contrastes. Le début, bien écrit, présente une trentenaire en quête d'elle-même qui retourne dans son milieu d'enfance. Cependant, la tentative d'éclairage politique sur le capitalisme et la société actuelle manque, selon moi, de pertinence et de recul. Certains effets, comme la chanson grivoise destinée à provoquer le public, paraissent un peu trop appuyés. En revanche, la relation entre la protagoniste et son chien est touchante et bien rendue. Dans la seconde partie, la comédienne dévoile une réelle sincérité, livrant par petites touches un drame enfoui au plus profond d'elle-même. Je reste donc partagé : le spectacle est inégal, mais il mérite d'être vu pour sa sensibilité et la performance de son interprète.

Cette pièce qui retrace la vie d'un couple trentenaire offre un bon moment de théâtre. Le sujet, finement traité, explore avec justesse la lente dégradation du couple face aux épreuves de la vie. Les deux comédiens interprètent leurs rôles avec sincérité, et la comédienne se distingue particulièrement par la justesse de son jeu. La mise en scène, sobre et claire, met efficacement en valeur les propos. Un spectacle sensible et bien construit, à découvrir.

Cet ensemble de saynètes sur les tourments de la vie de couple offre une observation fine et souvent juste des relations humaines. Dommage que, comme le titre le laisse présager, le ton vire parfois trop rapidement à l'hystérie. Les trois comédiens, remarquables dans leur capacité à passer d'un personnage à l'autre, témoignent d'un véritable talent de transformation. Malgré une certaine répétition dans les situations, la mise en scène, vive et plaisante, maintient l'intérêt du spectateur. Un bon moment de théâtre, à la fois divertissant et révélateur.

Ce jeune comédien incarne avec talent et conviction le récit de la Seconde Guerre mondiale. À travers les personnages qu'il interprète, il fait revivre les différentes figures qui ont contribué à la victoire. La mise en scène, sobre mais efficace, laisse toute la place à l'émotion et à la force du texte. Un spectacle juste et touchant, qui nous plonge avec respect dans ces heures sombres de l'Histoire.

Cette errance d'une âme trop sensible, en quête de sens et de réponses, nous rappelle que la vie ne se trouve pas seulement dans les livres, mais surtout dans la rencontre avec les autres. Le récit, mené avec énergie et sensibilité, nous entraîne dans une quête touchante qui trouve son aboutissement dans la découverte de l'amour. Un spectacle à la fois vivant et profondément humain, très agréable à suivre.

Ce spectacle, inspiré du film de Mel Brooks, est véritablement extraordinaire au sens premier du terme. La production est superbe, la mise en scène d'une précision remarquable — on reconnaît à peine la touche Michalik — et les comédiens-chanteurs sont impeccables. Tout est parfaitement exécuté, peut-être même un peu trop, au point que l'émotion laisse place à l'admiration. Un spectacle à ne pas manquer, même s'il manque un brin de folie.

Cette photographie du mâle contemporain apparaît un peu trop caricaturale. Le propos tourne excessivement autour des difficultés d'érection — symbole, à mes yeux, du machisme et de ses limites. Pourtant, plusieurs thèmes intéressants sont abordés, chacun offrant une réflexion pertinente sur la virilité, la sensibilité et l'identité masculine. Les comédiens-chanteurs, totalement investis dans leur projet artistique, livrent une prestation énergique et sincère. Une soirée agréable et divertissante, malgré quelques facilités dans le traitement du sujet.

Cette pièce met en scène la confrontation entre les anciens amants, vingt ans après Le Misanthrope. Leurs parcours de vie respectifs ont façonné deux êtres marqués par leurs choix : lui, animé par le pouvoir et le désir de revanche ; elle, guidée par le souvenir et la liberté de sentiment. C'est un véritable jeu du chat et de la souris où les rapports de force s'inversent sans cesse, entre domination et émotion. Dans une mise en scène élégante, toute de rouge vêtue, les comédiens livrent une interprétation sensible et énergique de ce duel amoureux et spirituel.
Un bon moment de théâtre.

Carole Bouquet, la voix de la mémoire
« Les Derniers jours de Samuel Paty » nous est raconté avec sobriété et intensité par Carole Bouquet. Le texte, d'une grande précision, nous heurte profondément. On assiste, impuissants, à la montée du drame, au travers de ces personnages qui ne mesurent pas la gravité de leurs actes ni de leurs silences. C'est bouleversant, révoltant, nécessaire.
Lors de la représentation à laquelle j'ai assisté, Carole Bouquet a été victime d'un malaise sur scène. Avec une dignité admirable, elle a tenté de poursuivre avant que la metteuse en scène ne prenne le relais pour achever la lecture. À la fin, Carole Bouquet est revenue, accueillie par une ovation debout du public. Un moment de théâtre fort, à voir — pour ne pas oublier.

Cela débute doucement, comme un rêve d'enfant, avec cette énumération de toutes les choses géniales de la vie. Peu à peu, on découvre qu'il s'agit en réalité d'un long processus de thérapie, d'une reconstruction intime. L'histoire, finement écrite, touche par sa sincérité. La comédienne incarne avec justesse et émotion ce personnage fragile et lumineux à la fois. On chemine à ses côtés, partageant ses joies, ses blessures, ses renaissances. Ce qui commence comme un jeu devient une véritable force de résilience. Un beau moment de théâtre, plein d'humanité et d'espoir.

Quelle belle idée que d'ancrer notre grand auteur dans le monde d'aujourd'hui, et de se demander : que ferait Victor Hugo à notre époque ? Le comédien, plein de talent et d'énergie, nous entraîne dans ce voyage entre passé et présent avec une vision à la fois audacieuse et respectueuse. Sa lecture vivante et inspirée redonne souffle à l'œuvre de Hugo, tout en la reliant à nos questionnements contemporains. Un spectacle intelligent et vibrant, qui nous laisse le cœur léger et le sourire aux lèvres. Un vrai bon moment de théâtre.

Ce drame sur l'immigration, dans un théâtre souvent en retard au démarrage de ses spectacles, raconte la vie d'une jeune fille confrontée à la souffrance et à l'ombre de son passé. Déterminée, elle se donne les moyens d'atteindre ses objectifs, offrant une belle démonstration de volonté. Le récit bascule à la fin dans le burlesque, avec des vibrations inattendues qui emportent le public, comme une parole transmise et contagieuse. Original, bien interprété, ce spectacle constitue un bon moment de découverte.

Ce spectacle offre une vue d'ensemble sur la vie de Josephine Baker. Destiné au grand public, il bénéficie d'une interprétation solide et d'une mise en scène soignée. La production est belle et maîtrisée, mais elle manque, à mon sens, de ce « sel » qui aurait donné plus de relief et de profondeur à cette histoire exceptionnelle.

Ce parcours de découverte entre deux êtres séparés par l'âge offre un bon moment de théâtre. Les deux comédiens nous plongent rapidement dans une intrigue où leurs personnages poursuivent des objectifs différents. L'interprétation est brillante, et la jeune comédienne séduit particulièrement par sa présence et sa justesse. La mise en scène, originale, installée sur les bancs, rend l'expérience encore plus immersive. Un spectacle à voir.

Cette pseudo-conférence sur l'astronomie manque, à mon sens, d'originalité. Le comédien, malgré son investissement et son énergie, ne parvient pas à transcender un texte et une trame assez simples. Le spectacle reste donc moyen, sans réelle surprise ni profondeur.

Cette comédie grand public, Polar Polar, nous entraîne dans une enquête loufoque menée tambour battant. L'énergie communicative des comédiens, totalement investis dans leurs rôles, fait tout le sel du spectacle. L'intrigue, volontairement simple, sert avant tout une interprétation vive et pleine d'humour. Un divertissement sans prétention, dont l'unique but — parfaitement atteint — est de mettre le public de bonne humeur.

La pièce Jure-le explore avec finesse les rapports complexes entre sœurs et leur évolution au fil du temps. Chacune, au début, semble figée dans sa position, fidèle à sa propre ligne de conduite. Mais au gré des rencontres et des événements, les certitudes vacillent, révélant combien les relations humaines peuvent évoluer. La mise en lumière du couple de femmes apporte une réflexion rare et pertinente sur les dynamiques de pouvoir et les rapports de domination, parfois aussi pervers et destructeurs que dans un couple hétérosexuel. Une pièce audacieuse, bien interprétée, qui suscite la réflexion. Un bon moment de théâtre à découvrir.