Cette interprétation de l'épopée de l'Iliade apporte un éclairage nouveau sur les coulisses de cette bataille acharnée pour la domination de la Méditerranée. On y découvre un Ulysse tourmenté, partagé entre ses doutes et son orgueil, ce qui humanise davantage ce héros légendaire. Le spectacle, en revisitant les grands moments de cette guerre mythique, parvient à renouveler notre perception de cette fameuse histoire. La mise en scène et l'approche choisies confèrent à ce classique une modernité rafraîchissante, tout en respectant la profondeur des enjeux. C'est une oeuvre , qui invite à redécouvrir les subtilités et les tensions de cette lutte pour l'hégémonie.

La lecture d'une partie de l'Iliade, sous l'angle de l'hubris, donnée par Clara Jauvart-Lacoste et jouée par la compagnie Paizo fonctionne bien: les humains vivraient dans des univers mentaux dans lesquels ils sont à la fois soutenus par les dieux et victimes de leurs rivalités. Quand les humains, en l'occurrence, les rois, les hérauts entrent en guerre contre un ennemi qu'ils veulent commun, leurs propres rivalités éclatent en plein jour attisées par celles des divinités. Alors le feu destructeur envahit les esprits et les actes. Les premières victimes sont les femmes, reine enlevée, princesses prises à l'ennemi en trophée et violées. Et oui, les exemples actuels ne manquent pas. La compagnie sert bien cette adaptation du poème épique. Juste à améliorer parfois la portée des voix dans des dialogues sous forme de confidence.
A quand les hubris du Grand Ajax et d'Ulysse?

Les héros de l'Iliade, Achille, Patrocle, cèdent ici la première place aux héroïnes, Chryséis et surtout Briséis, jeunes troyennes sacrifiées.
Dans une mise en scène astucieuse, les comédiens enthousiastes (jeunes filles surtout), donnent à l'hubris antique une coloration moderne judicieuse quant à la place des femmes, à l'instar de ces princesses de Troie enlevées, violées, trophées pour leurs pères comme pour leurs maris.
Un spectacle intéressant, à voir et à soutenir résolument.

Peu de moyens, mais des lumières et une ambiance sonore qui mettent très bien en valeur le jeu intense des interprètes. On se laisse embarqué avec plaisir pour suivre les différentes étapes qui mènent Achille à sa fameuse colère destructrice. La première création de la jeune compagnie théâtrale Paizo est une belle réussite.

Un sacrifice de talent pour le vent de l'épopée
Quel beau souffle de talent nous distillent ces jeunes comédiens. L'Iliade dans tout son souffle épique où les dieux, les héros et les prêtresses entremêlent et bousculent leurs destinés. Cette lecture revivifiée et talentueuse est un bonheur de théâtre.