Comment ça, je ne connaissais pas les Bouffes du Nord ??? Cette salle grandiosement atypique et aux gradins circulaires concentre le regard du public sur un point focal au milieu de la scène, puis tel le cinquième élément le réfléchit vers le ciel de la voûte inaccessible. Il est question de destruction, de marche avant, de marche arrière, d'amour (forcément), de désamour (aussi), de dialogues chantés. C'est un peu long, la mise en scène est sans répit, en définitive acteurs/musiciens servent avec talent un propos qui peut se perdre sous les briques de l'effondrement, sans toutefois manquer la dernière marche...

Une maison en laboratoire comme un personnage friable ; finira par être anéantie, son squelette cependant dominant et imprenable. Tristan et Yseult en cavalcade sur des lieder de Schumann, sous la douche, dans la cage d'escalier ou autour de l'évier bouché. Une cantatrice primesautière croquant l'amour mythique à pleines dents - et des musiciens à faire tomber les murs, des traces résiduelles de Schumann à l'accordéon et au saxo. Avec deux comparses de la bande à Creuzevault dans l'alambic : Léo-Antonin Lutinier sémillant dans son piano en bandoulière, Laurent Ménoret toujours bravache pour sonner le glas ; et sans tambour, encore et toujours.
C'est sûrement ça, l'effondrement d'un couple, les vestiges d'une mémoire qui vous serrent les tripes. On croit percevoir la danse d'une gymnopédie bachique : Rosebud, Eternal sunshine of the spotless mind.

Waouh, ça déchire !
Ou plutôt ça déconstruit à tout va!
Et c'est très habile et pertinent
Et musicalement très abouti, bravo! Sincèrement
A travers l'histoire d'un couple en crise, on disséque joyeusement en parallèle, catalogue non exhaustif! :
La prosodie, ou comment la musique peut remplacer la voix, sans perdre en émotion, l'essentiel,
Les liens amoureux entre deux personnes, le lien amoureux en tant que dépendance intime et personnelle: soit ce qui constitue la trame de toute narration
Et d'une façon subtile et distanciée (ce qui alimente la démonstration, mais fait sortir du spectacle), on mixe tout ça par l'illustration avec brio et fantaisie via des Lieder de Schumann pour ce que j'ai ressenti comme une introduction joyeuse à l'Opéra
Ce spectacle n'occulte rien, ni la liberté de la mise en scène, ni le paradoxe entre la rigidité du cadre musical et l'infini de ses possibilités illustratives
Et bien voilà ! Comme le spectacle, je vous ai un peu perdu en chemin, envoyé sur un chemin de traverse
C'est un peu comme ça qu'on s'endort à l'Opéra, pas parce qu'on s'ennuie 😂, mais parce qu'on est à la fois bercé et assailli de milles sensations et propos qui vous renvoient à votre psyché
Une vraie curiosité à ne pas rater, même si du côté scénique, comme à l'Opera, pas si facile d'être à la fois excellent musicien et excellent acteur, ce qui est parfaitement assumé, et c'est très bien
Tous ont une très belle énergie, et au moins un très grand talent!

Spectacle de haute volée où le lyrique se mêle de clowneries et de poésies. J'ai bu du petit lait à chaque tableau. 😍😍😍