Tabourets tam-tam stamp orange, claustra en bois cintré signé Ludvik Volak, téléphone en bakélite à cadran rotatif - je me suis crue chez moi, adolescente il y a 40 ans. Un décor léché, naturellement vintage jusqu'au moindre détail, pour un metteur en scène photographe.
« Ultra-Girl contre Schopenhauer » amorce l'affrontement entre Princesse Leïa et la Marquise de Merteuil, Barbarella et Lolita, Annie Hall et King Kong, Sue Ellen et la Castafiore. La sombre majesté d'une galaxie de neutrons libres, des super-héroïnes crypto-féministes dans des poses hiératiques rêvant de l'amour libéré de frontières matérielles. Joan Crawford dans "Humoresque", Doris Day dans "Confidences sur l'oreiller", Sigourney Weaver dans "Alien", Janet Leigh dans "Psychose", "Les yeux de Laura Mars", "7 ans de réflexion", "Maman très chère" convoquent sur scène la mythologie de toute une génération nourrie du rêve hollywoodien, entre cinéma et philosophie, émancipation et désilusion, Simone de Beauvoir et Alain Robbe-Grillet.
Il s'agit pour chacun de trouver sa chacune, Edwige rime avec Vénus callipyge et on chantonne avec entrain « Qui aurait dit que ce réparateur ferait battre mon cœur ? ». C'est faussement pétillant et on n'y va pas avec le dos de la cuillère, « les œuvres d'art nous consolent d'une vie décevante et absurde ».
Spectacle sold out, public avide et ravi au Gymnase Auguste Renoir, le double du Théâtre 14 pendant ces 6 jours de ParisOffFestival. Des organisateurs comblés, leur rêve de théâtre vivant redevenu, envers et contre tout, réalité.