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Le 40è Prix du Brigadier. Version 2025
Montparnasse
Après l'ascenseur émotionnel du vote du budget, la grande famille du théâtre imaginait que des vents mauvais allaient souffler sur la profession dans cette 40è édition à la Madeleine. On attendait les 40è Rugissants et, ô surprise, c'est un curieux "Gulf stream" qui vint se mêler aux vents froids annoncés. Résilient après ces années de disette, le Tout Paris arriva à l'heure, prit tranquillement place et la cérémonie put ainsi commencer.
Jean-Pierre Hané, secrétaire général de l'A.R.T. (Association de la Régie Théâtrale), fort des recommandations de votre serviteur, avait remisé sa tenue de serveur de bouillon Parisien de l'an passé. C'est vêtu d'un costume blanc cassé (en lin ?) qu'il ouvrit le bal. Discours précis, concis, brillant - comme toujours - avec un hommage appuyé à la famille, très en phase avec le "réarmement démographique" préconisé par le chef de l'Etat. Gérard Monge, Président de l'A.R.T. et Danielle Mathieu-Gouillon, Présidente d'honneur, prirent le témoin et firent tout aussi court, sachant que l'autre Président, celui de l'Association pour le Soutien du Théâtre Privé, n'allait pas manquer de jouer les prolongations. David Roussel qui, à la différence de son Cadet, n'a pas trois maisons mais mille et une propositions pour récolter des fonds, n'a pas manqué effectivement d'entonner les grands airs de "l'Opéra des Gueux" et d'user de son ironie mordante et bien sentie pour interpeler les pouvoirs publics et les inciter à financer davantage... le théâtre privé. À l'heure où l'on déplore le manque de perches en bois pour fabriquer les brigadiers, son appel sera sûrement entendu. Tout comme le rappel appuyé à la sentence de feu Cocteau "Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour".
Lui succédant pour adresser le compliment à la première récipiendaire, Léa Drucker, Michel Fau, très en verve - comme toujours - n'a pas manqué, entre deux compliments à Léa, de glisser quelques vacheries sur les Molières (on dit même qu'il aurait déchiré sa carte de membre et ne voterait plus) et à égrener son discours d'anecdotes drôlissimes. C'est sur un tout autre registre que Léa Drucker lui a répondu. Au bord des larmes en convoquant le souvenir de sa grand-mère et des grandes heures de feu "Au théâtre ce soir" assise sur une chaise recouverte du même velours rouge que le brigadier, elle s'est montrée reconnaissante à la profession et à ses proches et a ému l'assistance au plus haut point. Michel Fau ne manqua pas de conclure qu'elle était toujours restée fidèle au théâtre... malgré son César. Respect. Admiration.
Respect et admiration, ce sont les mots qui conviennent aux quatre autres "monstres" du théâtre qui furent récompensés : François Morel, répondant à Robin Renucci en alexandrins sur le thème de l'imposture du comédien primé avec cette générosité non feinte, cette douceur, cette tendresse, ce naturel qu'on lui connait ; Niels Zachariasen, lunaire et génial décorateur, qu'on croirait sorti d'un film en noir et blanc, éternel timide, se contenta de répondre à l'adresse de Dominique Dimey et Alain Sachs par des haussements de sourcils amusés et/ou réprobateurs et eut la formidable idée de leur remettre sa dernière invention : un mini-brigadier qui, telle la rosette, pourrait être à l'avenir épinglée côté coeur, à côté ou sur la boutonnière d'une veste ; Danièle Lebrun, rayonnante, pétillante, elle "l'éternelle étonnée depuis qu'elle est née" (sic) et Jean-Claude Grumberg "le fainéant devenu hyperactif"( sic), cent fois récompensé et dont l'œuvre immense, universelle, est déjà promise à la postérité, clôturèrent cette cérémonie de très haute tenue par une "master-class" de vie, nourrie d'anecdotes, de souvenirs plus croquignolets les uns que les autres avec l'injonction commune "Essayez d'être heureux", saluée par une longue standing-ovation.
Ces artisans que sont ces comédiens sont devenus aujourd'hui les récipiendaires de ce brigadier magique et, par là même, les passeurs de celui qui, après les trois coups, voit le rideau se lever et l'émotion nous envahir. Vive le théâtre ! Et mille mercis à Pierre Cordier, à l'A.R.T., l'A.S.T.P. et aux pouvoirs publics représentés ce jour par Mme Karine Taïeb. Que l'on aime ces petits moments de bonheur partagé !
Lui succédant pour adresser le compliment à la première récipiendaire, Léa Drucker, Michel Fau, très en verve - comme toujours - n'a pas manqué, entre deux compliments à Léa, de glisser quelques vacheries sur les Molières (on dit même qu'il aurait déchiré sa carte de membre et ne voterait plus) et à égrener son discours d'anecdotes drôlissimes. C'est sur un tout autre registre que Léa Drucker lui a répondu. Au bord des larmes en convoquant le souvenir de sa grand-mère et des grandes heures de feu "Au théâtre ce soir" assise sur une chaise recouverte du même velours rouge que le brigadier, elle s'est montrée reconnaissante à la profession et à ses proches et a ému l'assistance au plus haut point. Michel Fau ne manqua pas de conclure qu'elle était toujours restée fidèle au théâtre... malgré son César. Respect. Admiration.
Respect et admiration, ce sont les mots qui conviennent aux quatre autres "monstres" du théâtre qui furent récompensés : François Morel, répondant à Robin Renucci en alexandrins sur le thème de l'imposture du comédien primé avec cette générosité non feinte, cette douceur, cette tendresse, ce naturel qu'on lui connait ; Niels Zachariasen, lunaire et génial décorateur, qu'on croirait sorti d'un film en noir et blanc, éternel timide, se contenta de répondre à l'adresse de Dominique Dimey et Alain Sachs par des haussements de sourcils amusés et/ou réprobateurs et eut la formidable idée de leur remettre sa dernière invention : un mini-brigadier qui, telle la rosette, pourrait être à l'avenir épinglée côté coeur, à côté ou sur la boutonnière d'une veste ; Danièle Lebrun, rayonnante, pétillante, elle "l'éternelle étonnée depuis qu'elle est née" (sic) et Jean-Claude Grumberg "le fainéant devenu hyperactif"( sic), cent fois récompensé et dont l'œuvre immense, universelle, est déjà promise à la postérité, clôturèrent cette cérémonie de très haute tenue par une "master-class" de vie, nourrie d'anecdotes, de souvenirs plus croquignolets les uns que les autres avec l'injonction commune "Essayez d'être heureux", saluée par une longue standing-ovation.
Ces artisans que sont ces comédiens sont devenus aujourd'hui les récipiendaires de ce brigadier magique et, par là même, les passeurs de celui qui, après les trois coups, voit le rideau se lever et l'émotion nous envahir. Vive le théâtre ! Et mille mercis à Pierre Cordier, à l'A.R.T., l'A.S.T.P. et aux pouvoirs publics représentés ce jour par Mme Karine Taïeb. Que l'on aime ces petits moments de bonheur partagé !
Paru le 12/12/2025



