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Xavier Cantat
Interview par Manuel Piolat Soleymat
Christian Rullier
“Moi et Baudelaire” : le face-à-face de “deux clowns littéraires”

Sur la scène du Rond-Point : deux personnages. Lui, un auteur contemporain misanthrope et pathologiquement baudelairien. Elle, une comédienne sans laquelle il n'aurait jamais pu monter sur scène. Représentation dans la représentation, la pièce de Christian Rullier permet à ces deux personnagesde se donner en spectacle. Dans la peau du double qu'il a créé, l'auteur cosigne la mise en scène avec sa partenaire, Christiane Cohendy.
"Moi et Baudelaire", est-ce une pièce sur l'auteur des "Fleurs du mal" ?
Non, le sujet, c'est Moi ! Baudelaire, c'est l'objet... Entre les deux, il y a le Verbe ! Plus sérieusement, on peut dire que la pièce raconte les rapports conflictuels entre un auteur de théâtre d'aujourd'hui, indifférent à tout ce qui concerne autre chose que ses réflexions décalées sur la vacuité de l'Homme, et un poète illustre et cruellement admiré du passé. Le problème, c'est que le poète n'existe plus que par sa littérature, alors que le personnage actuel, lui, est obligé de composer avec la présence de son corps, d'un quotidien auquel il a toujours voulu échapper et d'une vie, la sienne, qui ne pourra jamais le satisfaire...

Et puis, il y a aussi une femme aux côtés de ce personnage. Qui est-elle ?
C'est une grande actrice, l'accompagnatrice de cet auteur, sa consolatrice, son interprète lucide pour ce spectacle initié par Baudelaire, auquel elle a consenti de participer dans des conditions pour le moins fantaisistes et cocasses.

Quelle relation entretiennent-ils tous les deux ?
Elle est là, près de lui, aimante en dépit de tout. "Pourquoi l'avoir aimé, quand je devais le fuir", sourit-elle à son public complice... Trait d'union concret entre la poésie de l'un et les extravagantes extrapolations de l'autre, elle s'efforce de ramener son partenaire à un statut de simple mortel, d'olibrius au "Moi" dérisoire et grotesque. Quant à lui, bien évidemment, il ne partage pas grand-chose avec elle... Il n'aime que Baudelaire, son reflet jalousé, pourrait-on dire... C'est un narcissique mystique incurable. Et tous deux, dans cette situation de représentation donnée à leur public, se comportent comme des clowns littéraires...

Quel vers de Baudelaire préférez-vous ?
Aïe ! Comment choisir entre tant de beautés ? J'apprécie particulièrement : "Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille", parce que parler à sa douleur la contraint à se taire. Pour ma part, j'aime bien aussi la faire rire et en faire rire les autres... Je suis sûr que l'Enfer est peuplé de clowns pathétiques... Ah oui, j'aime bien aussi : "Je suis de mon cœur le vampire", parce que, si ce n'était pas vrai, je n'aurais jamais écrit ce texte pour le jouer...

Comment caractériseriez-vous votre écriture ?
Je dirais qu'elle est exacerbée, structurée à l'extrême, poétique, intimement pulsionnelle et désespérément ludique... En attendant la thèse qu'un certain Charles B. réalise actuellement sur mon œuvre, permettez-moi de vous renvoyer à mes livres, publiés aux éditions Les Impressions Nouvelles !
Paru le 15/11/2004
MOI ET BAUDELAIRE
THÉÂTRE DU ROND-POINT
Du mardi 23 novembre au vendredi 31 décembre 2004

TEXTE(S). Comme un enfant jouit de son pouvoir de création et s’applique à dessiner des moustaches à la Joconde et des oreilles d’âne à Marylin, cette pièce composée de fragments revisite l’œuvre du poète, dont les thématiques, les dérives et les utopies alimentent l’existence tragi-comique d’un conteur d’a...

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