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Autant en emporte le vent
D.R.
Dossier par Manuel Piolat Soleymat
Comédies musicales
Le déferlement continue ! (Volet n° 2)

Lors de notre précédent numéro, nous vous présentions "Tintin - Le Temple du Soleil" (spectacle malheureusement annulé) et "Elvis Story". Aujourd'hui, poursuivons notre tour d'horizon des comédies musicales parisiennes par deux spectacles aux livrets originaux : "Et si on chantait ?" et "Belles Belles Belles", ainsi que deux adaptations de films mythiques : "Les Demoiselles de Rochefort" et "Autant en emporte le vent". En avant la musique, la danse et la comédie !
Et si on chantait ?
Voyage à travers le temps...

Ah, le petit vin blanc, Milord, Scoubidou... Sur la scène de l'Espace Cardin, cinq musiciens et six chanteurs interprètent les plus grands succès de la chanson française des années 1950. Conçu à partir d'une histoire aux accents tour à tour drôles et émouvants, "Et si on chantait ?" nous replonge dans l'univers du Paris de l'après-guerre et des guinguettes du bord de Marne. L'heure est à la reconstruction de la France, de la vie. L'heure est à l'espoir et à l'amour...

L'histoire
Julien a quatre-vingts ans. Le hasard d'une rencontre avec Antoine, un joueur d'orgue de barbarie qu'il a connu cinquante ans plus tôt, va lui permettre de se retrouver dans un cabaret au début des années cinquante. Les deux hommes découvrent un monde qui leur a été familier. Suzy, une chanteuse, les accueille avec Germain, maître des lieux qui a fait prospérer son commerce pendant l'Occupation, Simone, une serveuse visiblement amoureuse de son patron, et Leslie, fille de G.I., américaine d'origine et titi parisien d'adoption...
Livret : Jacques Pessis. Mise en scène : David Bréval et Rubia Matignon. Chorégraphie : Glyslein Lefever. Arrangements et direction musicale : Gérard Daguerre.

L'auteur : Jacques Pessis
Producteur, réalisateur et présentateur d'émissions télévisuelles et radiophoniques, Jacques Pessis a conçu Et si on chantait ? comme un spectacle à la gloire de la chanson française. Interview.

Comment est née l'idée de cette comédie musicale ?
J'ai eu envie d'évoquer un répertoire que connaissent par cœur celles et ceux qui ont passé, de près ou de loin, le cap du demi-siècle, et de faire découvrir aux générations suivantes une époque de création exceptionnelle pour la France : celle qui va de la libération de Paris à l'aube du temps des Yé-Yé.

Comment avez-vous choisi les nombreuses chansons qui composent ce spectacle ?
Avec les metteurs en scène, David Bréval et Rubia Matignon, nous avons écouté et réécouté pendant des nuits des centaines de chansons. Nous avons sélectionné celles qui pouvaient s'intégrer parfaitement à mon livret, comme si elles avaient été écrites pour cette histoire.

Quelles sont vos préférées ?
J'aime toutes les chansons de ce spectacle, qui ont bercé mes jeunes années. Mais j'avoue une préférence pour Le Bal perdu créée par Bourvil, Un jour tu verras de Mouloudji, Sa jeunesse de Charles Aznavour, et Un enfant de la balle d'Eddie Constantine.

Vous avez déjà en projet un autre spectacle musical pour 2004...
Oui. Je prépare D'aventure en aventure, une comédie musicale sur les chansons de Serge Lama, mise en scène par Nicolas Briançon. La création aura lieu en février à Montreux et en septembre au théâtre Marigny à Paris.

Isabelle Georges joue les vedettes de cabaret...
Petite-fille d'une pianiste-violoniste, fille d'une chanteuse lyrique et d'un fan des comédies musicales américaines, Isabelle Georges commence la danse classique dès l'âge de 5 ans. "À 7 ans, je rêvais déjà de Fred Astaire, Ginger Rogers et Judy Garland." Une vocation est née... Quelques années plus tard, après des formations en chant et comédie, elle enchaîne les rôles dans de nombreux spectacles musicaux : Barnum, Le Passe-Muraille, Nymph Errant, La Périchole, Chantons sous la pluie, Une étoile et moi, L'Air de Paris... Mais son meilleur souvenir reste Titanic, The Musical. "J'avais vu le spectacle à Broadway et je rêvais d'y participer. Le rêve est finalement devenu réalité !" C'était à Liège, dans une mise en scène de Jean-Louis Grinda.
Aujourd'hui, elle donne corps à Suzy dans Et si on chantait ? "Suzy est à la fois fragile et enthousiaste. Elle chante dans un cabaret, faute de mieux, mais aspire à un avenir merveilleux sur des scènes prestigieuses ! Et elle veut aussi trouver l'amour..." À cette occasion, Isabelle Georges interprète des titres comme Déshabillez-moi, Come prima ou encore Ne me quitte pas, qu'elle avoue aimer particulièrement. "Chanter une telle chanson, c'est à la fois effrayant et tellement excitant ! Un véritable challenge, j'aime ça !"

Belles Belles Belles
Les rêves de trois chanteuses en herbe...

Claude François est mort il y a vingt-cinq ans. Quoi de mieux, pour lui rendre hommage, qu'un spectacle reprenant vingt-trois de ses chansons ? Et sur la scène de l'Olympia ! Pour cela, pas question de retracer sa vie. Daniel Moyne et Jean-Pierre Mourtayre ont créé une véritable pièce chantée et dansée au sein de laquelle les protagonistes se racontent à travers les plus grands "tubes" de Cloclo. Mettant en scène onze personnages entourés d'une troupe de vingt danseurs, "Belles Belles Belles" donne autant d'importance à la comédie, qu'à la musique et à la danse.

L'histoire
Dans une ville de province, Émilie, Sonia et Charlotte sortent de la demi-finale d'un concours de chant que leur groupe vient de remporter. Elles s'entraînent au sein d'un centre de danse, le Centre Claude-François, dont la directrice est également responsable du fan-club perpétuant la mémoire du célèbre chanteur. Nous assistons à la vie de cette petite ville de province et à l'évolution des trois jeunes filles jusqu'à la finale du concours auquel elles participent. Émilie, Sonia et Charlotte iront-elles jusqu'au bout de leurs rêves ?
Livret : Daniel Moyne et Jean-Pierre Mourtayre. Mise en scène et chorégraphie : Rheda.

Blandine Métayer : "J'ai eu un réel coup de foudre professionnel pour Redha !"
Cela faisait longtemps qu'elle rêvait de jouer dans une comédie musicale. C'est aujourd'hui chose faite. Après le succès de Célibattante !, celle qui fut révélée au grand public par Le Petit Théâtre de Bouvard endosse aujourd'hui le rôle de madame Duval, la directrice du Centre Claude-François dans Belles Belles Belles.

Pourquoi aviez-vous envie d'intégrer la troupe d'une comédie musicale ?
Parce que c'est un art complet. Moi, j'ai toujours chanté, notamment au Théâtre de Bouvard où j'interprétais beaucoup de chansons-sketches, des chansons drôles mais de vraies chansons. Cela faisait longtemps que j'avais envie d'allier le chant à la comédie.

Avez-vous étudié le chant ?
Oui, lors de mes études, à Rouen, je fréquentais parallèlement le conservatoire d'art dramatique et celui de chant classique.

Avec un metteur en scène comme Rheda, le niveau de danse requis devait également être très élevé...
C'est vrai. Même si je suis assez sportive, j'avais arrêté la danse depuis une dizaine d'années, au profit des arts martiaux ! J'ai donc dû travailler très dur pour me remettre dans le coup ! Et puis, après les auditions, une fois le casting achevé, nous sommes tous immédiatement entrés en training afin d'être au meilleur niveau dans les trois disciplines. C'est quelque chose à signaler, parce que c'est la première fois qu'une production investit ainsi, pour son équipe, dans cinq mois de cours de chant, de danse et de comédie.

Comment le spectacle est-il bâti ?
Il s'agit d'une véritable comédie, avec de vrais personnages, des êtres qui ont une histoire, qui vivent, qui vibrent. Chaque action amène une chanson qui illustre ce qui vient de se passer. Il y a des allusions à Claude François, bien sûr, mais Belles Belles Belles est bien plus qu'un simple prétexte à interpréter des chansons de Cloclo ! Les textes ont réellement autant d'importance que la musique, comme dans les comédies musicales américaines traditionnelles.

Quelle est la principale difficulté que vous ayez rencontrée ?
C'est de passer sans arrêt de la comédie pure, à la danse et à la chanson. Il faut mettre en place une gymnastique qui permette d'interpréter son personnage tout aussi justement lorsqu'on est en train de chanter et de danser.

Comment expliquez-vous l'abondance de comédies musicales à Paris, cette année ?
Je pense qu'il y a toujours eu un public pour les spectacles chantés, preuve en est que l'opérette a toujours très bien marché en France. Depuis quelques années, il y a un renouvellement du genre : le public, mais également les artistes en avaient vraiment envie. Redha, par exemple, c'est la personne idéale pour mettre en scène des comédies musicales, car il s'agit d'un artiste complet. C'est à la fois un grand metteur en scène et un grand chorégraphe. J'ai eu un réel coup de foudre professionnel pour lui, une envie folle de travailler en sa compagnie. C'est pour ça aussi que je me suis tellement battue pour avoir ce rôle.
Si on récapitule : vous jouez la comédie,
vous dansez, vous chantez, vous écrivez des pièces de théâtre... Quelle corde manque-t-il donc à votre arc ?
La musique ! Je ne joue pas de piano. C'est mon grand regret ! J'ai une admiration folle pour les musiciens...

Quel est le rêve artistique que vous n'avez pas encore réalisé ?
Peut-être enregistrer un album en solo. Ça fait de nombreuses années que cette envie me trotte dans la tête !


Les Demoiselles de Rochefort "... ré mi fa sol ..."

Ils ont hésité entre "Les Parapluies de Cherbourg" et "Les Demoiselles de Rochefort". C'est finalement ce dernier film de Jacques Demy que le producteur Gérard Louvin et son complice Daniel Moyne ont décidé d'adapter en comédie musicale. Parallèlement à la création de "Belles Belles Belles", les deux hommes retrouvent la scène du Palais des Congrès sur laquelle ils avaient connu le succès que l'on sait avec "Roméo et Juliette". Ils confient, une fois de plus, la mise en scène
et la chorégraphie de ce spectacle à Rheda.

L'histoire
Deux sœurs jumelles, Delphine et Solange, rêvent d'une carrière artistique de danseuse et de concertiste, ainsi que du grand amour... Yvonne, leur mère, tient le café de la place. Elle regrette d'avoir laissé partir Simon Dame, son grand amour de jeunesse. Beau marin, peintre à ses heures, Maxence recherche son idéal féminin tandis qu'Andy, musicien qui vient donner un concert à Rochefort, tombe amoureux de Solange. La kermesse qu'installent les forains sur la place va accélérer le tourbillon de la vie et précipiter les rencontres...
Mise en scène et chorégraphie : Rheda. Adaptation scénique : Alain Boublil. Arrangements musicaux : Essaï et Michel Legrand. Direction artistique : Daniel Moyne.

Philippe Candelon : dans la peau de Simon Dame
C'est au lycée, pour vaincre sa timidité, que Philippe Candelon se lance dans le théâtre. Après divers cours et le Petit Conservatoire de Mireille, il rejoint Roger Louret en 1991 pour La Java des mémoires. En 1993, il devient le meneur des Années Twist (trois ans aux Folies-Bergère), décroche le premier rôle de La Vie parisienne en 1997 et de La Fièvre des années 80 en 1998 avant que Roméo et Juliette ne l'entraîne dans son tourbillon durant deux ans.
Aujourd'hui dans Les Demoiselles de Rochefort, Philippe Candelon interprète le rôle de Simon Dame, "un personnage que la solitude rend
attachant". Qu'est-ce qui lui a donné envie de prendre part à cette comédie musicale ?
"La nécessité de participer à une aventure totalement différente de celles que j'avais déjà vécues, l'envie de travailler avec Redha et sa troupe de danseurs, qui dégage réellement quelque chose de très fort !"

Daniel Moyne : un œil sur tout !
Voilà une rentrée chargée pour Daniel Moyne... Coauteur de Belles Belles Belles, il est également le directeur artistique des Demoiselles de Rochefort. Des décors au casting, en passant par les costumes, les arrangements musicaux..., il a mis son grain de sel partout ! Car la pierre angulaire du spectacle : c'est lui !

Quelles sont les différences entre le film de Jacques Demy et la comédie musicale ?
L'action a été transposée de nos jours. Ce qui n'a d'ailleurs posé aucun problème tant le film était en avance sur son temps. Car si on regarde bien de quoi il s'agit, ces deux jeunes filles de province qui veulent monter à Paris pour connaître la gloire : c'est la Star Academy avant l'heure ! Alain Boublil est parti du film, mais il est allé plus loin pour qu'il y ait un vrai début et une vraie fin à l'histoire. C'est également lui qui a signé les textes des nouvelles chansons et, bien sûr, Michel Legrand les musiques.

Quels sont, selon vous, les points forts des Demoiselles de Rochefort ?
Tout d'abord, l'histoire qui est, comme je vous l'ai dit, étonnamment moderne. Et puis, après, il y a la dimension de ce qui se passe sur scène qui est quelque chose d'éblouissant ! On a onze chanteurs, plus de cinquante danseurs, des costumes et des décors somptueux, une mise en scène et des chorégraphies très inventives... C'est vraiment du très grand spectacle !

Que pensez-vous du renouveau de la comédie musicale française par rapport à ce qui se crée actuellement à Londres ou New York ?
Actuellement, ce qui se monte à Paris est bien moins poussiéreux que ce qui se fait à Londres ou New York, où les comédies musicales ont parfois vingt ou trente ans ! Ici, les chansons sont beaucoup plus "pop", plus modernes, avec des mises en scène vraiment plus innovantes.

Les producteurs anglo-saxons reconnaissent-ils ce nouveau courant français ?
Oui, tout à fait. Ils sont très intéressés par ce qui se passe à Paris. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux sont venus voir Les Demoiselles de Rochefort. Et ils ont été emballés ! Nous sommes déjà en pourparlers pour une création à Broadway.

Dans le futur, quel film auriez-vous envie d'adapter en comédie musicale ?
Pretty Woman, par exemple ! Mais lorsqu'il s'agit de droits américains, c'est toujours un peu difficile à obtenir. Mais pourquoi pas ? En tout cas, je suis sûr que cela pourrait être formidable !

Autant en emporte le vent
Souffle de liberté sur les terres du Sud...

Le Palais des Sports accueille la nouvelle comédie musicale de Gérard Presgurvic. Après Shakespeare pour "Roméo et Juliette", l'auteur-compositeur s'est inspiré de l'histoire imaginée par Margaret Mitchell et portée à l'écran par Victor Fleming. Réduire les quatre heures du film à deux heures quinze de spectacle tout en respectant l'œuvre originale n'a certainement pas été une mince affaire. Pari pourtant relevé ! Laura Presgurvic (la fille de son père) prend la place de Vivien Leigh et Vincent Niclot celle de Clark Gable.

L'histoire
À l'occasion de son seizième anniversaire, Scarlett O'Hara reçoit les hommages de nombreux admirateurs, qui voient en elle le plus beau parti de la Géorgie. Ce jour-là, elle rencontre pour la première fois le séduisant Rhett Butler. C'est pourtant sur Ashley Wilkes, le fiancé de sa cousine Mélanie, que la jeune fille jette son dévolu. En 1861, la guerre de Sécession éclate et Scarlett accepte par dépit, la demande en mariage du premier venu... Une courte idylle puisque la mort soudaine de celui-ci la pousse à partir pour Atlanta où elle croise de nouveau la route du charmant Rhett...
Auteur-compositeur : Gérard Presgurvic. Mise en scène et chorégraphie : Kamel Ouali.

Dominique Magloire : "Mama gagne sa liberté d'expression à force d'amour."
Alors qu'elle n'avait que 7 ans, Dominique Magloire faisait ses débuts au cinéma aux côtés de Jean-Paul Belmondo dans L'Incorrigible de Philippe de Broca. Aujourd'hui, cette passionnée d'opéra et de gospel interprète le rôle de Mama dans Autant en emporte le vent.

Qu'est-ce qui vous paraît le plus intéressant dans le rôle de Mama ?
Mama gagne sa liberté d'expression à force d'amour. Elle aime les siens, et qui plus est, elle aime une famille esclavagiste. Et c'est sans doute cela qui fait sa grandeur d'âme. Gérard Presgurvic, qui a vraiment donné la parole au peuple noir dans cette comédie musicale, lui a confié un texte magnifique.

Le fait d'être une artiste noire a-t-il été un élément différenciateur positif ou un frein pour votre carrière ?
J'avoue qu'au début de ma carrière, je pensais que cela allait être un frein, surtout dans notre société où le bon ton est d'être grande, mince et blonde. Parce que moi, je cumule : je suis à la fois noire et ronde !

Mais ça n'a finalement pas été le cas ?
Non, car on a toujours fait appel à moi pour ce que je suis. Bien entendu on ne m'a jamais proposé des rôles de jeune première... Mais ce ne saurait peut-être tarder, vu les changements qui se font dans les mentalités !

Quelles sont vos envies pour la suite de votre carrière ?
Elles sont multiples : théâtre, cinéma et, bien sûr, opéra. Mon credo : le travail, c'est la santé ! Alors je continue à me perfectionner, à travailler et encore travailler. Et la vie me mènera où elle veut !

Rhett Butler selon Vincent Niclot
"De très forte personnalité, mon personnage est intrigant et imprévisible. C'est à la fois un héros et un anti-héros, un gentleman et un roublard, un coureur de jupons et un mari fou d'amour pour sa femme... J'aime sa classe, sa désinvolture, son humour. L'anticonformisme qu'il partage avec Scarlett fait d'eux un couple très moderne et donc fortement atypique pour les valeurs de l'époque."
Paru le 15/11/2003