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D.R.
Portrait par François Varlin
Jack-Henri Soumère Directeur du théâtre Mogador
Où s’arrêtera-t-il ?

Si vous ne connaissez pas Jack-Henri Soumère, vous connaissez ce qu'il fait. Le tourneur de Dalida, Julio Iglesias, Francis Cabrel : c'est lui. Le directeur du Théâtre de Longjumeau et de l'opéra de Massy, c'est encore lui... Le projet de réouverture du Palace, c'est toujours lui... Depuis quatre ans, il dirige le plus grand théâtre privé de Paris, le théâtre Mogador. Où s'arrêtera-t-il ?
Un bureau de décideur dans lequel trône notre homme, entouré de photos où on le voit en compagnie de Mitterrand, Lova Moor, Jean-Paul II ou Raffarin. Jack-Henri Soumère connaît la jet-set et les puissants. "Le chemin que j'ai pris dans ma carrière n'avait qu'un seul but : celui d'arriver à Paris et d'avoir un théâtre. Il a fallu du temps, de la patience, de la ténacité et de la volonté. J'ai eu une des plus grosses agences de variété. À la mort de Dalida, j'en avais gros sur la patate, j'ai dirigé différentes salles, puis j'ai eu cette grande chance de prendre Mogador à la barbe de TF1 devant le tribunal de commerce, en décembre 99." À cette époque, le théâtre Mogador vient de connaître un douloureux dépôt de bilan. Le tribunal le lui vend à condition qu'il en règle les arriérés et ne prenne pas de risques financiers.

Sauvé par une tempête

À la veille de l'an 2000, aucun spectacle n'y est plus à l'affiche. "J'ai eu une chance, qui était un désastre : la grande tempête de Noël 99. Les chapiteaux des cirques s'étaient envolés, et le 1er janvier 2000, j'ai obtenu que le Cirque de Pékin, qui n'avait plus où se produire, vienne à Mogador."
Jack-Henri Soumère sait que la direction d'une telle salle de 1 800 places n'est pas une vie de bohème. Il sait aussi que tous les directeurs de théâtre à Mogador s'y sont ruinés ! Un témoignage du passé auquel il fait face. Il entreprend la réfection complète de la salle : "Une belle salle fait partie de la fête..." Puis il prend l'Orchestre de Paris en résidence pour sept mois par an jusqu'en 2005, et pour 26 représentations annuelles au-delà de cette date : une garantie dans la programmation, sans trop de risque financier. "Je considère qu'il faut dégager le fonds de commerce d'un théâtre, de la production ; ce sont deux entités opposées. Si on ne veut pas que les théâtres fassent faillite, il faut deux structures différentes. L'avenir de Mogador est tout tracé, il doit rester sur des comédies musicales, comme Elvis Story (ndlr : à partir du 5 novembre au théâtre Mogador), puis il y aura Arthuro Brachetti qui revient faire un nouveau show."

Le directeur de Mogador se dit très serein. Il se partage entre ses trois théâtres de Massy, Longjumeau et Paris. "Je suis partout en même temps. Une seule affaire ne me suffit pas, je suis boulimique." Ce qui le repose, c'est de se livrer à sa passion : le spectacle, rien d'autre.
Paru le 15/11/2003