Paolo Correia et Jean-Pierre Cassel
© Yves Guibeaud
Dossier par Vincent Goupy
Festen
L'action
Au Danemark, dans l'hôtel d'une grande famille bourgeoise, on s'apprête à célébrer les 60 ans de Helge, le père. Au début de cette somptueuse "fête" de famille, le fils aîné Christian est invité à prononcer un petit discours. Et voilà que tout dérape : le comique - "Quand papa prenait son bain" - débouche sur le récit du viol des deux jeunes jumeaux, Christian et Linda, pour se terminer sur un toast sinistre : "Je bois à la santé du meurtrier." Toute la nuit, la famille et le personnel vont s'efforcer d'étouffer l'affaire et de faire taire le scandaleux orateur. Lointain remake réaliste de Hamlet avec son sordide secret de famille, Festen assène à sa façon qu'il y a toujours "quelque chose de pourri au royaume de Danemark"...
Le film de Thomas Vinterberg
Dogma 95 est un collectif de cinéastes regroupés autour de Lars von Trier en 1995 à Copenhague, autoproclamé "d'avant-garde", autour d'un manifeste fondateur (contre l'abus de sexe et de violence au cinéma) et porté par un "vœu de chasteté" comprenant dix règles sacrées (tournage en extérieurs, caméra à l'épaule, film en couleurs, pas de trucages, etc.).
Si le collectif et ses procédés ont fait long feu, deux réalisateurs y gagneront une renommée internationale : Lars von Trier avec Les Idiots en 1998, et Thomas Vinterberg avec Festen la même année, couronné du Prix spécial du Jury à Cannes.
Tourné la DV à l'épaule comme s'il l'était par l'un des convives de la fête, le film nous donne soudain l'impression d'être plongés dans la terrible intimité d'une famille.
La pièce de théâtre
L'adaptation théâtrale a été écrite, après le film, par Bo hr. Hansen, avec les deux scénaristes Thomas Vinterberg et Mogens Rukov. Daniel Benoin signe la traduction-adaptation française, présentée au Théâtre du Rond-Point après sa création à Nice.
Daniel Benoin a voulu trouver des équivalents théâtraux à Dogma : sans décors supplémentaires, le théâtre devient l'hôtel familial. Au TNN, il avait, en effet, installé les spectateurs sur le plateau et fait jouer la pièce dans la salle et aux balcons, immergeant ainsi le spectateur au cœur de la "fête"... Certains spectateurs étaient même invités à prendre part au repas !
Plus qu'une pièce sur l'inceste, Daniel Benoin voit dans Festen une critique de la société bourgeoise européenne, de son hypocrisie, dominée par l'image d'un père tout-puissant.
À noter : Le dernier film, américano-danois, de Vinterberg (sortie prévue en avril): It's All About Love, avec Joaquin Phoenix, Claire Danes et Sean Penn, est bien loin du Dogme. Il s'agit d'un film onirique situé à New York en 2021. Son prochain film: Dear Wendy (scénario de Lars von Trier) traite des armes à feu aux États-Unis, et il constitue le deuxième volet d'une trilogie américaine entamée avec Dancer in The Dark. Ajoutons que Nicolas Cage a l'intention de tourner un remake américain de Festen.
Au Danemark, dans l'hôtel d'une grande famille bourgeoise, on s'apprête à célébrer les 60 ans de Helge, le père. Au début de cette somptueuse "fête" de famille, le fils aîné Christian est invité à prononcer un petit discours. Et voilà que tout dérape : le comique - "Quand papa prenait son bain" - débouche sur le récit du viol des deux jeunes jumeaux, Christian et Linda, pour se terminer sur un toast sinistre : "Je bois à la santé du meurtrier." Toute la nuit, la famille et le personnel vont s'efforcer d'étouffer l'affaire et de faire taire le scandaleux orateur. Lointain remake réaliste de Hamlet avec son sordide secret de famille, Festen assène à sa façon qu'il y a toujours "quelque chose de pourri au royaume de Danemark"...
Le film de Thomas Vinterberg
Dogma 95 est un collectif de cinéastes regroupés autour de Lars von Trier en 1995 à Copenhague, autoproclamé "d'avant-garde", autour d'un manifeste fondateur (contre l'abus de sexe et de violence au cinéma) et porté par un "vœu de chasteté" comprenant dix règles sacrées (tournage en extérieurs, caméra à l'épaule, film en couleurs, pas de trucages, etc.).
Si le collectif et ses procédés ont fait long feu, deux réalisateurs y gagneront une renommée internationale : Lars von Trier avec Les Idiots en 1998, et Thomas Vinterberg avec Festen la même année, couronné du Prix spécial du Jury à Cannes.
Tourné la DV à l'épaule comme s'il l'était par l'un des convives de la fête, le film nous donne soudain l'impression d'être plongés dans la terrible intimité d'une famille.
La pièce de théâtre
L'adaptation théâtrale a été écrite, après le film, par Bo hr. Hansen, avec les deux scénaristes Thomas Vinterberg et Mogens Rukov. Daniel Benoin signe la traduction-adaptation française, présentée au Théâtre du Rond-Point après sa création à Nice.
Daniel Benoin a voulu trouver des équivalents théâtraux à Dogma : sans décors supplémentaires, le théâtre devient l'hôtel familial. Au TNN, il avait, en effet, installé les spectateurs sur le plateau et fait jouer la pièce dans la salle et aux balcons, immergeant ainsi le spectateur au cœur de la "fête"... Certains spectateurs étaient même invités à prendre part au repas !
Plus qu'une pièce sur l'inceste, Daniel Benoin voit dans Festen une critique de la société bourgeoise européenne, de son hypocrisie, dominée par l'image d'un père tout-puissant.
À noter : Le dernier film, américano-danois, de Vinterberg (sortie prévue en avril): It's All About Love, avec Joaquin Phoenix, Claire Danes et Sean Penn, est bien loin du Dogme. Il s'agit d'un film onirique situé à New York en 2021. Son prochain film: Dear Wendy (scénario de Lars von Trier) traite des armes à feu aux États-Unis, et il constitue le deuxième volet d'une trilogie américaine entamée avec Dancer in The Dark. Ajoutons que Nicolas Cage a l'intention de tourner un remake américain de Festen.
Paru le 22/03/2003
