Zoom par Vincent Goupy
Une chatte sur un toit brûlant
au théâtre de la Renaissance
Huis clos étouffant pour une famille de fauves en cage : dans la touffeur du Mississippi, Tennessee Williams pousse les passions rentrées et les convoitises à bout. Face à Cristina Reali, Samuel Labarthe, sensible et puissant, donne Une envergure magnifique
à son personnage.
à son personnage.
Pour Tennessee Williams (Columbus, Mississippi, 1911 - New York, 1983), la famille est une cage et l'existence une captivité. La richesse et le succès, impuissants contre la mort, ne font qu'y attiser les jalousies des proches.
Du fils qu'on préfère malgré ses tares à celui qu'on méprise malgré ses qualités, en passant par la belle-fille dont on moque la fécondité et les petits-enfants résumés à leur physique gras et difforme (les « sans-cou »), la seule vertu de cet emprisonnement est de faire parler. Tout l'enjeu de la tragédie est de dire l'indicible, la mort annoncée ou la sexualité interdite.
UN GRAND CLASSIQUE DE LA TRAGÉDIE AMÉRICAINE MODERNE, SERVI PAR UNE POIGNÉE DE MONSTRES DE SCÈNE
Liz Taylor avait incarné Maggy au cinéma, Jeanne Moreau créa le rôle en 1956 au théâtre Antoine ; Cristina Reali, superbe, sensuelle et enragée, prend brillamment la relève. Elle décline avec subtilité la métaphore de la chatte qui hésite à sauter du toit brûlant de peur de ne pas retomber sur ses pattes, et qui sort ses griffes contre les autres fauves.
Georges Wilson semble un géant sur scène. Il campe un impressionnant patriarche à l'approche de la mort, plutôt du côté du lion que la force abandonne. Pas une faille dans la direction d'acteurs : chaque personnage apparaît telle une bête sauvage prise dans ses contradictions comme dans un piège, à la fois fragile et cruelle.
On sent passer dans cette adaptation (par Pierre Laville) le souffle d'un grand auteur, qui sait imprimer dans l'esprit du spectateur une vision forte. Une lucidité sans pitié, une sensibilité à fleur de nerfs ; plutôt féminine : la revanche de la chatte est-elle dans le dernier mot ?
La mise en scène de Patrice Kerbrat rappelle ses perles récentes : Art de Yasmina Reza, L'Amante anglaise de Duras, et en ce moment Trois versions de la vie de Yasmina Reza, au théâtre Antoine.
Du fils qu'on préfère malgré ses tares à celui qu'on méprise malgré ses qualités, en passant par la belle-fille dont on moque la fécondité et les petits-enfants résumés à leur physique gras et difforme (les « sans-cou »), la seule vertu de cet emprisonnement est de faire parler. Tout l'enjeu de la tragédie est de dire l'indicible, la mort annoncée ou la sexualité interdite.
UN GRAND CLASSIQUE DE LA TRAGÉDIE AMÉRICAINE MODERNE, SERVI PAR UNE POIGNÉE DE MONSTRES DE SCÈNE
Liz Taylor avait incarné Maggy au cinéma, Jeanne Moreau créa le rôle en 1956 au théâtre Antoine ; Cristina Reali, superbe, sensuelle et enragée, prend brillamment la relève. Elle décline avec subtilité la métaphore de la chatte qui hésite à sauter du toit brûlant de peur de ne pas retomber sur ses pattes, et qui sort ses griffes contre les autres fauves.
Georges Wilson semble un géant sur scène. Il campe un impressionnant patriarche à l'approche de la mort, plutôt du côté du lion que la force abandonne. Pas une faille dans la direction d'acteurs : chaque personnage apparaît telle une bête sauvage prise dans ses contradictions comme dans un piège, à la fois fragile et cruelle.
On sent passer dans cette adaptation (par Pierre Laville) le souffle d'un grand auteur, qui sait imprimer dans l'esprit du spectateur une vision forte. Une lucidité sans pitié, une sensibilité à fleur de nerfs ; plutôt féminine : la revanche de la chatte est-elle dans le dernier mot ?
La mise en scène de Patrice Kerbrat rappelle ses perles récentes : Art de Yasmina Reza, L'Amante anglaise de Duras, et en ce moment Trois versions de la vie de Yasmina Reza, au théâtre Antoine.
Paru le 01/01/2001