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La Cité de Dieu
D.R.
Dossier par Xavier Leherpeur
Des films à découvrir
Les cinq films du mois

Loin du paradis
de Todd Haynes
avec Julianne Moore, Dennis Quaid...
L'un des plus passionnants cinéastes américains (Safe, Velvet Goldmine) revisite avec brio et lucidité le mélo des années 50. Une sorte de négatif subliminal des films de Douglas Sirk où Todd Haynes remonte à la surface lissée et aseptisée du rêve américain, les tabous d'une société alors entièrement blanche et hétérosexuelle. Amours mixtes et homosexualité sous-tendent ce drame feutré, faussement précieux, où l'interdit claquemure les sensibilités et étouffe les passions. Julianne Moore y est simplement sublime...
Sortie le 12 mars.

La Cité de Dieu
de Fernando Meirelles
avec Alexandre Rodrigues, Douglas Silva...
Une plongée en apnée pure et sans concession dans le quotidien violent des banlieues pauvres de Rio. Sur trois décennies, Fernando Meireilles et sa coréalisatrice Katia Lund nous offrent un film en forme de coup de poing, dynamisé par un montage escarpé, où le spectateur happé dans cette spirale de rage et de meurtres n'a jamais le temps de reprendre son souffle. Un témoignage saisissant, magistralement interprété par des comédiens non professionnels, frôlant parfois une certaine complaisance dans
sa mise en scène, mais qui confirme l'excellente santé
du cinéma
sud-américain.
Sortie le 12 mars.

Devdas
de Sanjay Leela Bhansali avec Shahrukh Khan,
Rai Aishwarya...
Enfin, après l'amorce de Lagaan, le Bollywood débarque sur nos écrans. Devdas, présenté cette année en sélection à Cannes, est la pure quintessence du genre. C'est-à-dire que la justification dramaturgique des morceaux musicaux est inversement proportionnelle à la durée des chansons. Et c'est tant mieux. Regards langoureux, chorégraphies virtuoses et décors dantesques servent d'écrin à ces love songs enfiévrées. Le scénario développe avec un impeccable sens du timing les imparables ressorts du mélo amoureux. Et nous autres, pauvres cœurs d'artichaut, entre deux airs, nous écrasons discrètement une larme.
Sortie le 2 avril.

Fureur
de Karim Dridi
avec Samuel Le Bihan, Yu Nan.
L'auteur de Bye-Bye et de Pigalle nous revient en force avec cette variation intelligente et contemporaine de Roméo et Juliette. Le XIIIe arrondissement sert d'arrière-plan social et culturel à cette histoire d'amour interdit, de trahison, de boxe, de combats clandestins. Dridi fait mieux que réinventer le cinéma populaire,
il en retrouve la spécificité pour dire
le malaise de notre société. Sa mise en scène, tour à tour charnelle, alerte et poétique, sait entonner un chant d'espoir bouleversant qui refuse le fatalisme ambiant. Du cinéma comme on aimerait en voir plus souvent.
Sortie le 16 avril.

The Hours
de Stephen Daldry
avec Nicole Kidman, Julianne Moore,
Meryl Streep.
C'est peu dire que pour son second film, on attendait au tournant l'auteur de Billy Elliot. Pari gagné haut la main avec cette adaptation du roman éponyme de Michael Cunningham. Stephen Daldry dresse le portrait de trois femmes, à trois époques différentes du XXe siècle, reliées entre elles par le roman Mrs Dalloway de Virginia Woolf. Un film d'une élégance sans faille, travaillant une émotion aussi poignante que pudique, subtilement soutenue par la partition de Philip Glass. Trois comédiennes au firmament de leur art, pour l'un des films les plus maîtrisés
de ce printemps.
Sortie le 19 mars.

Également recommandés

Les Lois de l'attraction
de Roger Avary
avec James Van Der Beek, Shannyn Sossamon...
Une adaptation réussie du second roman de Bret Easton Ellis (American Psycho). La douloureuse dérive de trois teenagers wasp dans les méandres
de la sexualité et des substances illicites. Heureusement, aucune morale bien pensante ne cherche à récupérer
ce portrait amer de l'adolescence.
Sortie le 12 mars.

Les Lundis au soleil
de Fernando Leon de Aranoa avec Javier Bardem, Serge Riaboukine...
Le cinéma "social" n'est plus l'apanage des Anglais. L'Espagnol Fernando Leon de Aranoa signe un excellent film choral où il suit pas
à pas le quotidien
de cinq chômeurs
de longue durée.
Aucun pathos déplacé, mais une vraie sobriété d'écriture pour ce constat inquiétant
sur nos sociétés occidentales.
Sortie le 12 mars.

Stupeur et Tremblements
d'Alain Corneau
avec Sylvie Testud, Kaori Tsuji...
Adapté du roman d'Amélie Nothomb, Stupeur et Tremblements raconte les mésaventures d'une jeune Belge intégrant une multinationale nipponne. Une peinture du travail
de bureau au Soleil-Levant, véritable concentré de la petitesse d'esprit, de la compétition sans pitié et des humiliations vues par une candide naïve et furieusement attirée par sa collègue de bureau. Savoureux.
Sortie le 12 mars.

Cypher
de Vincenzo Natali
avec Jeremy Northam, Lucy Liu...
Révélé par Cube, Vincenzo Natali, revient cette fois avec un film qui, entre espionnage et science-fiction, raconte le parcours d'un homme anodin, se retrouvant en plein cœur de l'espionnage industriel que se livrent deux sociétés. Une intrigue labyrinthique, bourrée de faux-semblants
et de mirages. Malin, sophistiqué et intrigant.
Sortie le 26 mars.

Les Fils de Marie
de Carole Laure
avec Carole Laure, Félix Lajeunesse-Guy...
Marie perd son mari et son fils dans un accident. Elle passe une petite annonce pour "adopter"
un nouveau fils.
Trois candidats se présentent, encore plus paumés qu'elle. Un film "dogme",
non exempt de maladresse, parfois d'une belle justesse d'écriture, porté par l'énergie toujours aussi charismatique de Carole Laure qui signe ici son premier film en tant que metteur en scène.
Sortie le 26 mars.

Dolls
de Takeshi Kitano
avec Hidetoshi Nishijima,
Miho Kanno...
L'auteur de Hana Bi
et de Kids Return délaisse l'univers des yakusas pour nous entraîner dans le destin tragique de deux jeunes amoureux. Un long métrage émouvant, élégant, filmé avec une belle retenue et une impeccable pudeur. Un mélo hors des clichés habituels.
Sortie le 23 avril.
Paru le 14/03/2003