
Dossier par Vincent Goupy
Le théâtre de Dix-Heures
Né en 1890 sous le nom de cabaret des « Arts », le théâtre de Dix-Heures fête actuellement sa dixième année sous la direction de Jean-Michel Joyeau et Michel Miletti. Voulu comme un « théâtre du rire et de la chanson », ce lieu de 140 places est consacré au music-hall.
LE « DIX-HEURES » TOUT DROIT SORTI...
D'UNE PIÈCE DE COURTELINE !
Dans Les Linottes de Courteline (1925), un personnage déclare : « Je vous dis que l'homme qui fondera un théâtre de Dix-Heures pratique, confortable, élégant et où l'on ne jouera que des pièces gaies - car les heures ont leurs exigences - gagnera une fortune par la force même des choses, par le seul fait qu'il aura étanché une soif ». C'est au nom de cette boutade que Roger Ferréol fonde le théâtre de Dix-Heures à l'emplacement de l'ancien cabaret des « Arts », ouvert depuis 1890. Sous sa direction se succèdent, durant les années 30, Martini, Noël-Noël, Dalio, Saint-Granier, Jean Rigaux, Marguerite Moreno, Jeanne Fuzier-Gir...
DE « L'ESPRIT MONTMARTROIS » À MICHEL GALABRU, EN PASSANT PAR LA RÉSISTANCE
Le théâtre de Dix-Heures devient l'un des temples du célèbre « esprit montmartrois », qui s'adresse, exclusivement dans de petites salles, à un public restreint, suffisamment averti pour entrer dans le jeu des interprètes. Ce jeu consiste à déboulonner de fausses gloires ou des idoles tapageuses. Politiquement, « l'esprit montmartrois » est dans toutes les oppositions, et les chansonniers, qui savent le peaufiner, sont des chouchous du Tout-Paris. De 1941 à 1944, tandis que la France est humiliée, les chansonniers, profitant de ce que l'occupant comprend mal les finesses de la langue, s'en donnent à cœur joie pour se moquer du régime nazi. En venant au théâtre de Dix-Heures, le public français a l'impression de prendre un semblant de revanche. Les revues spectacles de l'époque reflètent l'actualité du moment, c'est ainsi que se succéderont les revues Beaucoup dans peu (en 1944), qui annonçait à mots couverts la Libération, Gaie Paix, Où ? (pendant la guerre froide, référence à la police politique de l'URSS, la Guépéou), ou Le Canal enchaîné (en 1954, en pleine crise du canal de Suez)... De nombreux chansonniers plus tard (Jean Amadou, Henri Tisot, Les Frères ennemis ou Thierry le Luron), c'est en 1985 que Michel Galabru acquiert le théâtre pour y révéler de jeunes auteurs comiques. Mais après cinq années, il cherche un nouvel acquéreur, et c'est la société des « Démons de Dix Heures » qui sera retenue.
MURIEL ROBIN COMME MARRAINE
ET STARTER PLUS COMME PARTENAIRE
En 1987, Muriel Robin est sur la scène du Dix-Heures avec Didier Bénureau pour Maman, ou Donne-moi ton linge, j'fais une machine. À l'époque, Jean-Michel Joyeau et Michel Miletti sont déjà des amis de longue date de Bruno Perroud. Lorsqu'ils reprennent le théâtre en 1990, Muriel Robin devient leur marraine et Starter Plus leur fidèle partenaire.
LES « DÉMONS DE DIX HEURES » :
JEAN-MICHEL JOYEAU ET MICHEL MILETTI
Producteurs de spectacles de variétés, ils ont conçu, réalisé et produit « La Chance aux chansons », sur la scène de l'Eldorado (aujourd'hui Comedia), et au Casino de Paris, avec Pascal Sevran en présentateur. Ils seront, selon les saisons, les tourneurs de Dave, Henri Tachan, Guy Béart ou Marie-Paule Belle, et comptent parmi « leurs artistes » Guy Montagné et Isabelle Aubret. À la tête de leur société de production des « Démons de Dix Heures » (DDH), Jean-Michel Joyeau et Michel Miletti dirigent donc une structure originale pour un théâtre. Ils sont aussi les directeurs artistiques de Bobino, délégués par le patron du lieu, Philippe Bouvard.
UNE CHALEUREUSE ÉQUIPE VOUS ATTEND...
Jean vous accueille dès 14 heures au téléphone et au guichet pour les réservations, puis à la caisse avant les spectacles. Yohan vous sert des boissons au petit bar du théâtre, puis vous conduit à votre place, avec Paule. Les régisseurs du Dix-Heures sont souvent en stage pour un an : cette année, c'est Jérôme qui est installé dans son petit nid au-dessus de la salle. Parmi les techniciens qui auront marqué le théâtre, le prestigieux éclairagiste Jacques Rouveyrollis, qui a illuminé les plus grands (Johnny au stade de France, c'est lui). Il met régulièrement en lumière les spectacles du Dix-Heures, dont il est conseiller technique. Il y a éclairé notamment Colette Renard, Jérôme et Martha, Isabelle Mergault, Frédéric Lebon et Marie-Paule Belle.
EN BELGIQUE, LE DIX-HEURES,
C'EST « L'OLYMPIA DU RIRE...
Le Dix-Heures ne compte plus les jeunes comiques qui ont fait leurs griffes sur sa scène : Élie et Dieudonné, Franck Dubosc, mais aussi Sellig, devenu « pensionnaire » du Dix-Heures. Il y a aussi la tendance imitateurs, avec Sandrine Alexi récemment, Frédéric Lebon, le tout jeune Dany Mauro ou Thierry Métaireau. Parmi les doyens du monde du spectacle, le théâtre a notamment vu passer Paul Préboist, dans Maman !, Guy Montagné et Micheline Dax, venue siffler au Dix-Heures il y a trois ans.
... ET DE LA CHANSON »
À la croisée du rire et de la chanson, rappelons le passage du spectacle phare du Dix-Heures, Les Amours infernales, avec Jérôme et Martha, largement plébiscité par les adhérents de Starter Plus. Rappelons aussi la talentueuses Juliette (Victoires de la musique en 1997), qui a chanté au Dix-Heures en s'accompagnant au piano dès 1991, avant de se produire au Déjazet et au théâtre de la Ville. Saluons également le succès du jeune groupe Indigo, et celui de la cocasse soprane Natalie Choquette.
LES NOUVEAUX SPECTACLES
Pour les dix ans du théâtre, Michel et Jean-Michel ont placé la barre très haut : du 16 janvier au 3 février, le Trio Esperança présentera sa dernière création, un récital a capella. Charles Dumont fera son récital du 6 février au 3 mars. Du 6 mars au 7 avril, Marie-Paule Belle chantera Barbara, accompagnée par le pianiste de la Dame en noir, Roland Romanelli.
D'UNE PIÈCE DE COURTELINE !
Dans Les Linottes de Courteline (1925), un personnage déclare : « Je vous dis que l'homme qui fondera un théâtre de Dix-Heures pratique, confortable, élégant et où l'on ne jouera que des pièces gaies - car les heures ont leurs exigences - gagnera une fortune par la force même des choses, par le seul fait qu'il aura étanché une soif ». C'est au nom de cette boutade que Roger Ferréol fonde le théâtre de Dix-Heures à l'emplacement de l'ancien cabaret des « Arts », ouvert depuis 1890. Sous sa direction se succèdent, durant les années 30, Martini, Noël-Noël, Dalio, Saint-Granier, Jean Rigaux, Marguerite Moreno, Jeanne Fuzier-Gir...
DE « L'ESPRIT MONTMARTROIS » À MICHEL GALABRU, EN PASSANT PAR LA RÉSISTANCE
Le théâtre de Dix-Heures devient l'un des temples du célèbre « esprit montmartrois », qui s'adresse, exclusivement dans de petites salles, à un public restreint, suffisamment averti pour entrer dans le jeu des interprètes. Ce jeu consiste à déboulonner de fausses gloires ou des idoles tapageuses. Politiquement, « l'esprit montmartrois » est dans toutes les oppositions, et les chansonniers, qui savent le peaufiner, sont des chouchous du Tout-Paris. De 1941 à 1944, tandis que la France est humiliée, les chansonniers, profitant de ce que l'occupant comprend mal les finesses de la langue, s'en donnent à cœur joie pour se moquer du régime nazi. En venant au théâtre de Dix-Heures, le public français a l'impression de prendre un semblant de revanche. Les revues spectacles de l'époque reflètent l'actualité du moment, c'est ainsi que se succéderont les revues Beaucoup dans peu (en 1944), qui annonçait à mots couverts la Libération, Gaie Paix, Où ? (pendant la guerre froide, référence à la police politique de l'URSS, la Guépéou), ou Le Canal enchaîné (en 1954, en pleine crise du canal de Suez)... De nombreux chansonniers plus tard (Jean Amadou, Henri Tisot, Les Frères ennemis ou Thierry le Luron), c'est en 1985 que Michel Galabru acquiert le théâtre pour y révéler de jeunes auteurs comiques. Mais après cinq années, il cherche un nouvel acquéreur, et c'est la société des « Démons de Dix Heures » qui sera retenue.
MURIEL ROBIN COMME MARRAINE
ET STARTER PLUS COMME PARTENAIRE
En 1987, Muriel Robin est sur la scène du Dix-Heures avec Didier Bénureau pour Maman, ou Donne-moi ton linge, j'fais une machine. À l'époque, Jean-Michel Joyeau et Michel Miletti sont déjà des amis de longue date de Bruno Perroud. Lorsqu'ils reprennent le théâtre en 1990, Muriel Robin devient leur marraine et Starter Plus leur fidèle partenaire.
LES « DÉMONS DE DIX HEURES » :
JEAN-MICHEL JOYEAU ET MICHEL MILETTI
Producteurs de spectacles de variétés, ils ont conçu, réalisé et produit « La Chance aux chansons », sur la scène de l'Eldorado (aujourd'hui Comedia), et au Casino de Paris, avec Pascal Sevran en présentateur. Ils seront, selon les saisons, les tourneurs de Dave, Henri Tachan, Guy Béart ou Marie-Paule Belle, et comptent parmi « leurs artistes » Guy Montagné et Isabelle Aubret. À la tête de leur société de production des « Démons de Dix Heures » (DDH), Jean-Michel Joyeau et Michel Miletti dirigent donc une structure originale pour un théâtre. Ils sont aussi les directeurs artistiques de Bobino, délégués par le patron du lieu, Philippe Bouvard.
UNE CHALEUREUSE ÉQUIPE VOUS ATTEND...
Jean vous accueille dès 14 heures au téléphone et au guichet pour les réservations, puis à la caisse avant les spectacles. Yohan vous sert des boissons au petit bar du théâtre, puis vous conduit à votre place, avec Paule. Les régisseurs du Dix-Heures sont souvent en stage pour un an : cette année, c'est Jérôme qui est installé dans son petit nid au-dessus de la salle. Parmi les techniciens qui auront marqué le théâtre, le prestigieux éclairagiste Jacques Rouveyrollis, qui a illuminé les plus grands (Johnny au stade de France, c'est lui). Il met régulièrement en lumière les spectacles du Dix-Heures, dont il est conseiller technique. Il y a éclairé notamment Colette Renard, Jérôme et Martha, Isabelle Mergault, Frédéric Lebon et Marie-Paule Belle.
EN BELGIQUE, LE DIX-HEURES,
C'EST « L'OLYMPIA DU RIRE...
Le Dix-Heures ne compte plus les jeunes comiques qui ont fait leurs griffes sur sa scène : Élie et Dieudonné, Franck Dubosc, mais aussi Sellig, devenu « pensionnaire » du Dix-Heures. Il y a aussi la tendance imitateurs, avec Sandrine Alexi récemment, Frédéric Lebon, le tout jeune Dany Mauro ou Thierry Métaireau. Parmi les doyens du monde du spectacle, le théâtre a notamment vu passer Paul Préboist, dans Maman !, Guy Montagné et Micheline Dax, venue siffler au Dix-Heures il y a trois ans.
... ET DE LA CHANSON »
À la croisée du rire et de la chanson, rappelons le passage du spectacle phare du Dix-Heures, Les Amours infernales, avec Jérôme et Martha, largement plébiscité par les adhérents de Starter Plus. Rappelons aussi la talentueuses Juliette (Victoires de la musique en 1997), qui a chanté au Dix-Heures en s'accompagnant au piano dès 1991, avant de se produire au Déjazet et au théâtre de la Ville. Saluons également le succès du jeune groupe Indigo, et celui de la cocasse soprane Natalie Choquette.
LES NOUVEAUX SPECTACLES
Pour les dix ans du théâtre, Michel et Jean-Michel ont placé la barre très haut : du 16 janvier au 3 février, le Trio Esperança présentera sa dernière création, un récital a capella. Charles Dumont fera son récital du 6 février au 3 mars. Du 6 mars au 7 avril, Marie-Paule Belle chantera Barbara, accompagnée par le pianiste de la Dame en noir, Roland Romanelli.
Paru le 12/03/2001





