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D.R.
Interview par François Varlin
Clément Michel
Clément Michel “Le Carton” : une pièce qui déménage !

Chaque soir, au moment de saluer, Clément Michel prend un double plaisir : celui de comédien et celui d'auteur. Sa pièce, "Le Carton", cartonne à la Comédie de Paris, on y célèbre la 450e.
Vingt-huit ans et déjà couronné de succès : quelle ascension !
On a monté ce spectacle qui marche très fort, la presse a bien suivi. C'est génial, tant mieux, c'est un beau conte de fées, mais on reste les mêmes avant d'aller jouer, et après, on garde la tête froide.
J'ai fait une école de cinéma en même temps que je prenais des cours de théâtre, je voulais apprendre à jouer la comédie pour apprendre la direction d'acteurs. J'avais aussi très envie de monter sur scène sans me l'avouer. J'ai rencontré David Roussel, le directeur de la compagnie Zébulon, qui était une petite structure à l'époque, il avait le projet de monter La Nuit des rois pour six représentations à Paris. Il m'a proposé d'y interpréter le rôle du Fou. Nous nous sommes produits à Avignon à deux reprises, puis nous avons tourné en France et aux Antilles, et joué six mois au théâtre du Lucernaire. Je trouve formidable que des jeunes aient aimé, grâce à nous, le théâtre en allant voir ce classique de Shakespeare.

Comment êtes-vous passé d'un auteur classique à l'écriture et l'interprétation de votre propre texte ?
Je peux jouer un texte classique ou une comédie moderne, comme les sportifs peuvent jouer sur gazon ou terre battue. Le Carton remonte à trois ans. Au départ, je voulais écrire des sketches, mais j'ai très vite réalisé que j'écrivais une pièce. J'inventais des scénarios de courts métrages, mais je n'avais jamais conçu de pièce, cela me paniquait. J'ai été très heureux du résultat : cela correspondait à ce que j'aimais voir au théâtre. Je l'ai fait lire à David Roussel, et nous nous sommes battus pour le monter. C'est au Lucernaire - dont ce n'était pourtant pas le genre -, que cela a commencé. Ils aimaient l'esprit de la compagnie, la façon dont on défendait les spectacles sur scène et en dehors de la scène. Nous devions jouer quatre mois, nous y sommes restés un an. Nous sommes maintenant à la Comédie de Paris depuis sept mois, et l'on prolonge encore. Bientôt peut-être une autre salle encore plus grande, et pourquoi pas le Stade de France ! Je travaille actuellement à l'adaptation de la pièce pour le cinéma.

Quel regard portez-vous sur le théâtre ?
Pour les 20-30 ans, le théâtre a une image triste et ennuyeuse. Il n'y a pas que le cinéma, la BD et la musique ! Nous arrivons à rassembler un public très large, beaucoup ont notre âge, et tous s'y retrouvent. Je veux à tout prix défendre la comédie, c'est un genre que j'aime mais qui est trop méprisé : on peut y dire tellement de choses. C'est un plaisir d'entendre les gens rire à tel ou tel mot, en outre, j'aime écouter un partenaire et lui répondre...
François Varlin
Paru le 15/03/2003