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D.R.
Interview par Xavier Leherpeur
Jean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic, l’accord parfait

Les deux jeunes comédiens-metteurs en scène montent au Théâtre 13 à partir du 17 septembre "Des souris et des hommes" de Steinbeck. Une programmation ad hoc pour
célébrer le centenaire de la naissance de l'écrivain américain.
C'est au cours de Jean-Laurent Cochet que se sont rencontrés Jean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic. L'amitié et un début de parcours commun (Corot de Jacques Mougenot) scellent leur envie de travailler ensemble. Ils fondent en 1988 la Compagnie des Brigandins, avec laquelle ils créent en tournée un spectacle pour jeune public inspiré du Roman de Renart. Ils tombent un jour sur le texte de Steinbeck quasiment par hasard. Un coup de foudre partagé pour la prose humaine et brute du dramaturge américain stimule leur désir de monter la pièce.

Starter Plus : Comment est né le projet ?
Jean-Philippe Evariste : Un jour, Philippe est venu me voir en me proposant de travailler une scène Des souris et des hommes de Steinbeck. On a travaillé ensemble pendant un petit bout de temps et cela a été un tel plaisir, une telle découverte, qu'on s'est dit qu'un jour, on monterait cette pièce, on jouerait ces personnages.

S. P. : Vous souhaitiez initialement déléguer la mise en scène...
Philippe Ivancic : Sur ce spectacle, nous sommes partis de zéro, nous avons fait les costumes, conçu les décors... On a tout fait tous les deux. Nous avions donc envie au début des répétitions de lâcher tout cela entre les mains d'un metteur en scène pour pouvoir nous libérer et nous focaliser sur nos rôles qui sont les principaux. Et puis, nous nous sommes rendus compte que nous possédions trop le projet, que nous avions une idée trop précise de ce nous souhaitions faire.

S. P. : Qu'est-ce qui selon vous caractérise l'œuvre de Steinbeck ?
P. I. : Ce qui me touche le plus chez Steinbeck, c'est son authenticité. Notamment les gens qu'il décrit dans Des Souris..., il a vécu avec, il les a connus. Le jour de la première en 1937 à Broadway, il n'était pas au théâtre, il était dans les champs en train de travailler avec ces personnes. Il n'y a pas d'artifice dans son œuvre, c'est du brut, du direct, de la pâte humaine à l'état brut.

J.-P. E. : Et puis il reste et restera intemporel. Non seulement les écrits, mais l'homme. Il s'est toujours intéressé aux laissés-pour-compte et à l'époque aux États-Unis, il y en avait. Et il y en aura toujours. Il nous paraît d'autant plus actuel du fait qu'il s'est intéressé à l'humanité. Quelle qu'elle soit. Et cela est très touchant. Encore plus pour des comédiens, c'est-à-dire des gens qui cherchent la fibre sensible. Il y a chez lui une humanité profonde et vraie. On a le sentiment qu'il ne triche pas. Sa langue est crue, sans fioritures.
Paru le 01/09/2002