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D.R.
Dossier par Vincent Goupy
Les auteurs contemporains
Mohamed Kacimi

Sa "Confession d'Abraham" est montée au théâtre du Rond-Point. Romancier, poète et essayiste,
Mohamed Kacimi poursuit son œuvre de dramaturge, commencée sous l'impulsion d'Ariane Mnouchkine.
Humanisme arabe et littérature française

Né en Algérie en 1955 d'une famille de théologiens, Mohamed Kacimi vit à Paris depuis 1982. Tout d'abord romancier (Le Mouchoir, 1987, Le Jour dernier, 1992), traducteur et poète (Mémoire verticale et Parole après Sumer) et essayiste (Arabe, vous avez dit Arabe ?, 1990 et Naissance du désert, 1992), il participe au collectif Enfance algérienne (folio, 1997).
En 1995, Ariane Mnouchkine lui demande d'organiser une manifestation autour des poètes libres penseurs du Maghreb au Festival d'Avignon. Impressionné par l'impact immédiat des textes sur le public, il écrira sa première pièce : 1962, sur l'Algérie.
La Confession d'Abraham (Gallimard, 2000) s'inscrit à la croisée de ces pistes : confronter, dans un français moderne, subtil et drôle, la complexité du monde arabe à ses origines.

Abraham coincé dans son caveau d'Hébron

Notre ancêtre commun d'après La Genèse, Abraham est le père des trois religions monothéistes. Dans le caveau des Patriarches, il compte les étoiles symbolisant sa descendance, coincé ainsi jusqu'à la Résurrection... Des messages contemporains lui parviennent à propos de tout et n'importe quoi : recette du "haroset", pâtisserie biblique, contrôle de maths, siège de Gaza...


Le patriarche de Mohamed Kacimi, témoin impuissant des horreurs contemporaines, est pressé par son épouse Sarah (dans le tombeau d'à côté) de raconter ses galères : la naissance sur le tard de ses fils Ismaël et Isaac, le sauvetage désespéré des "camarades" de Sodome et Gomorrhe, le fameux "sacrifice"...
Non pas discussion théologique, donc, mais point de vue d'un homme d'action, effaré par les dramatiques conséquences de son histoire, et renvoyant l'affaire à Dieu. Bourré d'astuces sur notre monde (le "w" d'Internet, lettre pieuse qui lève ses deux bras au ciel) et sur la religion (le Dieu unique "enfant gâté", Jésus initiateur de l'intifada avec le choix de Pierre pour bâtir son église...), le texte de Kacimi bouscule notre présent avec la perspective d'un passé chaotique, mais toujours de "bonne foi".
Paru le 01/09/2002