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Photo : C. Cabrol
D.R.
Dossier par Manuel Piolat Soleymat
Les auteurs contemporains
Éric-Emmanuel Schmitt

Après sa création en 1999 et son succès au Festival d'Avignon 2001, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, le deuxième volet du Cycle de l'Invisible d'Éric-Emmanuel Schmitt, est repris au Studio des Champs-Élysées. Faisant suite à Milarepa, ce monologue, interprété et mis en scène par Bruno Abraham-Kremer, propose un voyage à l'intérieur de la mystique soufie.
Starter Plus : Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran présente la relation d'un vieil épicier musulman et de Momo, un enfant juif. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Éric-Emmanuel Schmitt : C'est avant tout une histoire d'amour et de transmission. Ces deux êtres, auxquels plus personne ne fait attention, vont vivre une relation d'une grande richesse. M. Ibrahim est la première personne à tenter d'apprendre le bonheur à cet enfant abandonné par son père et sa mère. Il va lui transmettre de l'amour, et lui faire partager le regard qu'il porte sur le monde qui est celui du soufisme.

S. P. : Quelle est la particularité de ce regard ?
E.-E. S. : C'est un regard plein de poésie et de tolérance. M. Ibrahim va insuffler à Momo un appétit de vivre qui lui manquait jusque-là. Le soufisme est un mouvement assez marginal au sein de l'islam. Il met l'accent sur la religion intérieure. Il s'agit d'une vraie mystique du corps et de l'esprit qui envisage un rapport d'union très personnel à Dieu.

S. P. : Pourquoi avoir choisi de visiter la religion musulmane par ce biais ?
E.-E. S. : Je pense que les mystiques représentent souvent les meilleures portes pour entrer dans une religion parce qu'ils sont, au fond, les moins doctrinaux, les moins encadrés par l'interprétation des textes. Ce sont des poètes qui racontent des expériences. Leurs messages s'avèrent plus proches des hommes parce qu'ils transmettent des expériences d'hommes.

S. P. : Le Cycle de l'Invisible comportera-t-il d'autres volets ?
E.-E. S. : Oui, Oscar et la Dame Rose traitera du christianisme. Il sera interprété, en 2003, par Danielle Darrieux et mis en scène au théâtre des Mathurins par Christophe Lidon. Ensuite, j'ai très envie d'aller faire un tour du côté du zen.

S. P. : Selon vous, quelle place occuperont les religions dans les sociétés de demain ?
E.-E. S. : J'ai l'impression que les religions vont disparaître au profit des spiritualités. En tout cas, c'est ce que je souhaite. Car le problème des religions, c'est qu'elles simplifient, qu'elles codifient, et que souvent, elles sclérosent les spiritualités. Elles en font un inventaire de forme et deviennent parfois plus qu'une carcasse vidée de sa chair.
Paru le 01/09/2002