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Muriel Mayette
D.R.
Portrait par Manuel Piolat Soleymat
Muriel Mayette
met en scène « Chat en poche », de Georges Feydeau, au Vieux-Colombier.

Elle n'a rien d'une provocatrice. Pourtant, sa mise en scène avant-gardiste de « Clitandre » de Corneille, en 1996, a fait grincer bien des dents... Indépendante, imaginative, cette femme de trente-cinq ans assume ses choix et prouve que la Comédie-Française sait concilier tradition et modernité.
Muriel Mayette possède quelque chose d'énigmatique dans le sourire, de pénétrant dans le regard. Constamment en recherche sur son travail, elle avoue ne jamais avoir l'esprit tranquille. Reçue à la Comédie-Française en 1985, elle a interprété de nombreuses pièces faisant leur entrée au Répertoire (Le Balcon de Jean Genet, L'Échange de Paul Claudel, La Cerisaie d'Anton Tchekhov...). Son credo : ne jamais oublier que le théâtre est un art du présent, qu'il doit s'adresser aux gens d'aujourd'hui. Pour cela, elle fait renaître l'univers des auteurs à travers le prisme de sa personnalité... quitte à braver certains conformismes. « Je crois que c'est en prenant le risque de ne pas plaire à tout le monde qu'on a le plus de chance de s'adresser à tout le monde. C'est d'ailleurs intéressant lorsqu'un public réagit, même violemment. C'est plus intéressant qu'un public où tout le monde est vaguement content. Si on fait du théâtre, finalement, c'est pour faire vivre des moments forts, pour que les spectateurs soient marqués et qu'ils en gardent quelque chose. »
Souhaitant nous faire découvrir un autre Georges Feydeau, Muriel Mayette affirme une nouvelle fois sa liberté d'esprit. Elle bouscule les codes du vaudeville et centre sa mise en scène de Chat en poche sur les ressorts naturels du texte. Tout commence par un quiproquo classique, mais se finit dans une surenchère décapante, presque surréaliste. « Au troisième acte, l'auteur "disjoncte" les personnages, les rend tellement fermés, tellement obsessionnels et stupides, qu'ils en deviennent fous. Le regard porté sur ces hommes et ces femmes est extrêmement cruel. C'est ça qui rend cette pièce si drôle et si moderne. J'avais depuis longtemps envie de monter du Feydeau parce que je trouve que souvent, chez lui, on cherche le comique à côté du comique, à côté du texte. On le joue de façon démodée et un peu caricaturale, en rajoutant des gags là où il n'y en a pas besoin. Il me semblait intéressant de créer une version plus profonde, de trouver un vrai sens à ce texte-là. »
Paru le 01/05/2000