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Judith Magre
D.R.
Portrait par Manuel Piolat Soleymat
Théâtre de l’Athénée : Judith Magre
dans «La Folle de Chaillot».

Éloge de la folie.
Fantasque, extravagante, elle s'est toujours autorisée à suivre ses envies. Un tempérament que la comédienne mettra sans doute à profit dans sa prochaine interprétation de la Folle de Chaillot, au théâtre de l'Athénée.
L'éducation très bourgeoise, dans laquelle ses parents souhaitaient la voir s'épanouir, est vite devenue, pour Judith Magre, un carcan. À 16 ans, elle parvient à fuir l'emprise familiale en allant poursuivre ses études à Paris. La capitale lui apparaît alors comme une bouffée d'oxygène. « Je passais plus de temps à me maquiller et à aller au cinéma qu'à assister aux cours ! » C'est à cette période qu'elle décide de devenir comédienne. Face au refus de ses parents, elle coupe les ponts et s'inscrit au cours Simon, qu'elle fréquentera quelques mois. Déjà, une vocation est née.

Aux côtés du couple Renaud-Barrault (avec qui elle fait ses débuts), de Jean Vilar, Georges Wilson ou Jorge Lavelli, Judith Magre a participé à quelques-unes des plus prestigieuses aventures théâtrales de la fin du vingtième siècle. « Rencontrer Jean-Louis Barrault a été une expérience absolument extraordinaire ! Quand il arrivait au théâtre, même si on ne l'avait pas encore vu, on sentait qu'il était là. Il y avait comme de l'électricité dans l'air... En fait, ce sont plus les personnes avec lesquelles j'ai travaillé, que les pièces, qui ont motivé mes choix. »

Sa carrière s'est construite quasi exclusivement autour d'auteurs contemporains (Jean Vauthier, René Ehni, Copi, Steven Berkoff, Jean-Michel Ribes, Philippe Minyana, Jean-Louis Bourdon...). Car Judith Magre possède le goût des challenges et des aventures humaines. Si l'artiste qui lui propose un rôle la séduit, elle fonce, sans se poser plus de questions. En 1999, lorsqu'elle accepte d'interpréter Shirley Goldfarb, à 11 heures du matin, dans une petite salle du festival « off » d'Avignon, c'est avant tout charmée par l'enthousiasme dont fait preuve Caroline Loeb, sa futur metteur en scène. Reprise quelques mois plus tard au théâtre du Rond-Point, cette pièce lui vaut le Molière 2000 de la meilleure comédienne (elle avait déjà obtenu, en 1990, celui de la meilleure comédienne dans un second rôle pour Greek).

« Vous savez, je suis une véritable sorcière ! » déclare-t-elle, comme pour s'excuser de son succès. Une sorcière douée du talent de rendre l'humanité dans ses plus riches nuances.


La Folle de Chaillot : un hymne à la liberté

Vieille femme excentrique, Aurélie, dite la Folle de Chaillot, fait face au complot de spéculateurs qui prévoient de raser la colline de Chaillot pour en révéler le sous-sol pétrolifère... Mobilisant toutes les petites gens du quartier, l'extravagante va refuser l'inacceptable et combattre la misère. Pour elle, c'est l'humanité tout entière qui est à sauver...
De retour de sa tournée en Amérique du Sud, Louis Jouvet
crée La Folle de Chaillot le 22 décembre 1945 au théâtre de l'Athénée, un an après la disparition de son ami Jean Giraudoux. Il tient le rôle du chiffonnier. La subvention accordée pour cette création ne suffit pas à couvrir l'ensemble des dépenses. Une campagne est alors lancée par Le Figaro qui titre : « Contribuez à vêtir la Folle de Chaillot ». En seulement quelques jours, 600 donateurs se mobilisent, formant une longue file devant le théâtre. Une généreuse donatrice cède l'intégralité de sa garde-robe, lingerie comprise !
Paru le 25/02/2002