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Ribes/Pereira/Gregorio/Haxaire/Khorsand/Abelanski
D.R.
Zoom par Marie-Céline Nivière
Théâtre sans animaux
Composition d’histoires au Tristan-Bernard.

Le succès de ce petit bijou d'intelligence concocté avec brio (un vieil ami à lui) par Jean-Michel Ribes, est plus que mérité. « Théâtre sans animaux » réunit tout l'univers « ribien », où surréalisme et humour font un heureux ménage.
Dans cette pièce, Jean-Michel Ribes découpe en petites fables la condition humaine, la bêtise comme l'intelligence, les dérapages, les travers... Ce sont des « brèves de vie ». Il appelle cela « l'éloge du sursaut » et rend hommage « à ceux qui luttent contre l'enfermement morose de la mesure ». Pour être plus clair, Ribes nous fait comprendre qu'il faut éviter de se laisser enfermer par le quotidien. Et qu'il faut surtout ne pas se prendre trop au sérieux.


Pièces
facétieuses

Ces portraits ont toutes les chances de devenir des petits morceaux d'anthologie. Un petit aperçu ! La première fable raconte la confrontation redoutable entre deux frères, l'un écrivain brillant et reconnu, l'autre appelé par tous « Concon ». Or, voilà que Concon annonce fièrement à son frère comment, après trente-cinq ans de bêtise, il est enfin devenu plus intelligent que lui. Son frère lui suggère d'avoir l'intelligence de garder ça par-devers lui. Il y a la mémorable scène de ménage, dans les coulisses de la Comédie-Française, entre un homme, qui vient de se faire suer durant trois heures à une représentation de Phèdre, et sa femme. Pour les amoureux de théâtre que nous sommes, cette fable se déguste avec un grand plaisir. Il y a l'homme qui apprend à sa fille que le prénom qu'elle porte n'est pas son vrai prénom. Avec ce dialogue absurde, Ribes se rapproche de Ionesco. Le final est un bouquet d'artifice. Un groupe d'amis visitent un musée de province. Une des femmes s'écrie pompeusement « J'aime toute cette période qui va de Vinci à Warhol ». Constatant que l'on ne peignait plus des carpes, le groupe part dans une longue discussion sur l'origine de l'homme.

Ribes a écrit une pièce de rêve pour les comédiens, qui peuvent donner à leur talent tout leur éclat. Il faut dire que sa distribution est parfaite : Lionel Abelanski, l'ineffable Annie Gregorio, Sarah Haxaire, Christian Pereira. Et pour la reprise, le vieux complice de Ribes, Philippe Khorsand s'empare des rôles interprétés par Philippe Magnan. Ceux qui ont déjà vu la pièce en sont quittes pour y retourner, et cela avec toujours autant de plaisir.


Ribes, directeur du Rond-Point :

Madame Tasca, ministre de la Culture et Bertrand Delanoë, maire de Paris, ont nommé Jean-Michel Ribes directeur du théâtre du Rond-Point. On ne peut que saluer cette heureuse initiative. Il est rare que l'on donne des responsabilités à des personnages dont la ligne de conduite est l'humour et la dérision. Il est utile de rappeler que Jean-Michel RIbes est un de nos auteurs les plus prolixe.
Un petit entretien de quelques minutes avec Jean-Michel Ribes, où il a évoqué ses projets et ses rêves, a contribué à nous mettre le cœur en fête. Ribes veut faire de ce théâtre, qui abrita la prestigieuse compagnie Renaud-Barrault, un véritable rond-point. Dans le code de la route, un rond-point est un centre avec des directions qui convergent. Selon Devos, on peut y tourner sans cesse, et selon Ribes, s'ouvrir à de nombreuses voies. Ce grand espace, avec ses deux salles, son restaurant, ses recoins, formera le « Rond-Point » des créateurs, des auteurs contemporains, du rire (style Fellag et, pourquoi pas, Lemercier), des textes, des enfants (il ne les oublie pas et c'est plutôt bien)...
Ce sera aussi des lieux de rencontres, de paroles, de lectures (dans tous les sens, avec même une librairie). Ribes souhaite, avec toute son équipe, faire du Rond-Point un lieu de plaisir et de culture - les deux mots ne sont pas des frères ennemis. Ribes a des idées à revendre et aucune ne semblait être utopique. Il faudra attendre l'automne 2002 pour se régaler, avant cela, le Rond-Point doit se refaire une beauté.
Paru le 26/02/2002