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Gilles Gleize
© J. F. Delon
Interview par Xavier Leherpeur
Gilles Gleize
met en scène Gabriel(le) au Théâtre 14.

Écrite par George Sand en 1839 en une dizaine de jours et publiée dans la Revue des deux mondes, cette pièce méconnue ne fut jamais jouée à cette époque. Gilles Gleize, metteur en scène érudit et passionné de l'époque romantique, redonne vie à ce drame où «Sand prend le thème de travestissement pour poser le problème de la suprématie de l'homme dans la société de l'époque».
Starter Plus : Comment est né ce projet ?
Gilles Gleize : Gabriel est, à la base, ce que Sand appelle un roman dialogué, du théâtre dans un fauteuil. C'est un texte étrange de près de cinq heures, par moments très audacieux, très beau, et à d'autres, pas fini. J'ai commencé à travailler la pièce avec mes élèves afin de voir comment le rendre sur scène. Et au fur et à mesure, je reprenais, je modifiais. J'ai coupé dans le texte, j'ai essayé de le réécrire avec une écriture minimaliste, mais cela ne marchait pas. Finalement, j'ai repris des phrases dans les autres œuvres de Sand : sa correspondance avec Musset, quelques lettres célèbres et l'un de ses romans, Consuelo.

S P : Quelle est l'intrigue de Gabriel(le) ?
G G : Nous sommes à la Renaissance. Gabriel(le) est élevée comme un garçon pour que l'héritage puisse rester dans sa famille. À sa majorité, elle apprend la vérité, se rebelle et défend la condition de la femme, une des grandes idées de l'époque romantique. Elle décide de partager sa fortune avec son cousin Astolphe, un débauché. Au départ, elle n'ose pas lui avouer qu'elle est une femme, mais il découvre la vérité. Ils décident de vivre en couple. Mais ayant été habituée à la liberté d'un homme, Gabriel(le) ne peut plus accepter la condition de son sexe réel.

S P : Quelle ligne directrice avez-vous donné à cette réadaptation ?
G G : J'ai privilégié la Sand romantique et politique. Pas celle des romans tels que François le Champi. J'ai gardé l'ambiguïté de l'œuvre. Par moment, l'écriture était confuse, se contredisait. J'ai gardé le côté cassant, extrêmement direct de la phrase, qui existe chez Sand. Elle possède ce sens de la sentence que l'on retrouve chez les anciens.

S P : Et sur scène ?
G G : Cela donne quelque chose de baroque. Nous avons mélangé la Renaissance et le dix-neuvième siècle avec une vision très contemporaine, comme par exemple les décors, qui sont des panneaux - où est reproduite l'écriture de Sand - évoquant les nombreux lieux de l'intrigue.
Paru le 11/02/2002