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Isabelle Pasco
© Pascalito / Corbis Sygma
Portrait par Vincent Goupy
Isabelle Pasco dans Dom Juan
L’étoile filante

Au théâtre Mouffetard

Évanescente comme la sirène qu'elle incarnait dans Ondine, ou d'une majesté picturale toute classique dans Ave Maria, Isabelle Pasco a le regard dense, les paupières lourdes et mélancoliques des Charlotte Rampling et des Paul Newman. Elle incarne une Done Elvire blessée mais digne, pétrie de passion.
L'actrice prodige

Isabelle Pasco ne se laisse prendre au filet d'aucun adjectif. Entre la mystique de la Céline de Brisseau et la prostituée extravertie de À la pointe du cœur, il y a l'artisane du travail au long cours, qui s'isole pour laisser mijoter sa « cuisine » intime avec ses personnages. Attachée au rituel complexe nécessaire à chaque métamorphose, elle s'avance à chaque fois vierge vers ses incarnations. Et pourtant l'acteur, dit-elle, doit se faire « papier buvard » pour restituer des émotions, malléable à merci pour délivrer son personnage, quitte à courir le risque de rouvrir d'anciennes blessures.
C'est une mère cinéphile qui l'a initiée très tôt au septième art, par les classiques italiens. Elle a 17 ans lorsqu'elle tourne Ave Maria aux côtés d'Anna Karina. Depuis, elle a joué avec quelques très grands. Sous la caméra de Beineix, elle a côtoyé les fauves dans Roselyne et les Lions. Elle fut Miranda dans le Prospero's Book de Greeneway, fille du monstre shakespearien Sir John Gilgud.

La comédienne
de feu

Malgré tout ce cinéma, sa vocation première est celle de la scène : à six ou sept ans, elle ne s'imagine pas star, mais vivante face à un public. Pour sa première fois au théâtre, elle restera fascinée par Edwige Feuillère dans La Folle de Chaillot.

Son baptême de scène, c'était il y a six ans dans Sud de Julien Green, avec Anthony Delon. C'est là qu'elle découvre la si puissante attraction de l'éphémère du théâtre, ce monde du « une fois c'est tout » qui rend chaque moment si intense. Mais en même temps si frustrant : elle n'aura jamais vu Fanny Ardant jouer Done Elvire...

Dans ses deux apparitions, Done Elvire doit avoir une présence totale. Tout d'un bloc et irradiant de mille nuances, Isabelle Pasco aborde cet être de passion et de compassion comme un « cheval qui se dompte elle-même ». La revoilà dans l'ascèse.
Paru le 18/01/2002