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© Bruno Perroud
Zoom par Caroline Fabre
"Yes peut-être"
Duras et l'anticipation

Oui cette pièce est signée Marguerite Duras et oui, c'est de la science fiction. C'est aussi un travail sur les mots, sur la langue. Alors attention, elle n'est pas facile d'accès.
Le texte, très court, est un exercice de style impressionnant. Les ellipses y sont omniprésentes. L'histoire qu'il raconte est à reconstituer avec des bouts de phrases distillées ici et là : dans un lieu désertique non nommé, entre l'Atlantique et le Pacifique, dans une époque indéfinie et après une catastrophe atomique, deux femmes qui ont perdu la mémoire. L'une d'elle amène une sorte de trophée, un homme inanimé. C'est « l'héros », celui qui a fait la guerre et qui ne vaut plus rien... sauf peut-être à la reproduction. Les mots aussi sont tronqués. Car A et B (ces femmes n'ont pas de nom et portent, comme l'homme, des matricules), savent à peine parler. Elles ne savent pas lire non plus. Elles ne connaissent pas l'Histoire de leur monde. Mais, tout ce savoir, elles cherchent à y accéder car à défaut de connaître le passé, elles ont l'avenir à inventer. L'homme ne les aidera pas : il est comme comateux et ne se réveille qu'en proférant des onomatopées, des grognements, des cris de rage et de guerre et un mot, récurrent : Patrie... dans doute celle au nom de laquelle il est allé se faire massacrer. La mise en scène de Laurence Février utilise les codes de l'époque où a été écrite la pièce, à la fin des années 60. À franchement parler, j'ai été totalement hermétique à l'ensemble et conseille donc surtout ce spectacle à ceux qui pratiquent Duras assidûment comme à ceux qui ont envie de voir une pièce comme on regarde un tableau abstrait.
Paru le 01/12/2013

(1 notes)
YES PEUT ÊTRE
THÉÂTRE DU LUCERNAIRE
Du mercredi 9 octobre au dimanche 8 décembre 2013

COMÉDIE DRAMATIQUE. Dans cent ans ou moins, après qu'un continent civilisé aura sauté sur lui-même, deux femmes sans nom se rencontrent avec un "objet" qu'elles veulent jeter: le dernier guerrier sorti du "désert à guerre". Une pièce visionnaire qui résonne avec un humour pessimiste “qui a le fou rire".

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