Durant une heure et demie, il va, avec ses propres mots et ceux qu'il emprunte aux auteurs classiques et modernes, esquisser une variation sensible et singulière de l'autoportrait. Molière, Rimbaud, Baudelaire, sans oublier Duras, ils sont tous là, fidèles compagnons d'une route qu'il nous invite à emprunter à ses côtés. De ces phrases qu'il fait siennes un bref instant pour mieux nous les offrir, il en révèle les moindres nuances, en décèle les plus infimes contrastes et nous les livre avec une générosité et un bonheur communicatifs. Comme avec cette savoureuse variation autour de la fable de La Fontaine, Le Corbeau et le Renard, dont il analyse chaque syllabe et « interprète » avec une ironie jubilatoire les plus diverses inflexions. Cet homme a du coffre et, devant nous, il en déballe toutes les possibilités. Jacques Weber renoue avec les émotions les plus simples et pures de son art. Entre bonheur et douleur, pudeur et excès, il nous livre un brillant numéro d'acteur.