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© Bruno Perroud
Interview par Samuel Ganes
Roberto Garcia Saez
Rencontre avec un auteur venant du monde de l’humanitaire.

"Transparence" : Errare humanum est !Benoît Guibert met en scène Transparence, au Vingtième Théâtre, qu'il a adapté du roman "ONU soit qui mal y pense"
Roberto Garcia Saez, revenons sur la genèse de votre roman.
Même si j'ai beaucoup écrit de rapports et de dossiers, je viens d'abord du monde de l'humanitaire et de l'ONU. J´ai passé la moitié de ma vie à voyager entre l'Afrique et l'Asie, spécialisé dans la lutte contre les grandes pandémies telles que le sida, le paludisme. Alors que je suis entre deux missions, je suis soupçonné d'avoir détourné des millions de dollars sur un programme d'aide dont j'avais la charge au Congo. L'accusation n´a pas été facile a vivre, mais, après quelques années d'investigations, j´ai été blanchi et indemnisé. Après l´épreuve, je cherchais un exutoire et ce fut l´écriture. Je ne voulais pas écrire un énième rapport indigeste ni me lancer dans un buzz médiatique stérile. Il me fallait trouver un angle plus drôle, plus pédagogique. C´est là que le roman s'est imposé et que les pérégrinations de Patrick Roméro sont nées. Patrick est un « diplomate humanitaire » des temps modernes aux méthodes parfois peu orthodoxes. Pour faire avancer vite ses programmes de distribution de médicaments, il est prêt à défier la légendaire bureaucratie onusienne. Il a aussi un train de vie plutôt agréable qui tranche avec l´idée que l´on se fait de celle des « humanitaires ». Face à lui, Paul Harrisson, un flic de Scotland Yard, la justice incarnée, s´occupe, lui, de traquer les magouilleurs et autres profiteurs de la compassion universelle. Il est convaincu que Roméro en croque, car, selon lui, on ne peut pas rouler en Jaguar et aider sincèrement les pauvres.

Sur scène, c'est donc la confrontation de deux hommes ?

La morale et l'amoral, oui. Mais pas seulement. Benoît Guibert, dans son adaptation, a voulu apporter un spectre plus large, en gardant de nombreux personnages. Autour d'un décor qui est un grand comptoir de bar, on va voyager dans le monde entier et, entre les scènes d'interrogatoire, on revit en flash-back toute la vie de Roméro. On chante, on danse, c'est festif, les spectres arrivent pour lui faire "cracher" son histoire — il a introduit une forme onirique et profondément burlesque à l'ensemble. C'est très rythmé — un spectacle musical, un vrai show avec six comédiens et comédiennes géniaux!

Vous avez d'autres livres en prévision ?

ONU soit qui mal y pense est le premier tome d'une trilogie. Il n'y a peu, voire presque pas de romans, pièces ou fictions sur ce thème pour le grand public en français. Pourtant il y a tellement d'histoires à raconter, d'aventures humaines cocasses, drôles et aussi dramatiques à partager ; un univers où se côtoient bureaucrates et idéalistes humanitaires. C'est aussi un monde qui s´est professionnalisé depuis la création des "french doctors". Il y a des vocations mais aussi des carrières qui se font, entre philanthropie et realpolitik. Selon une étude, 70 % des chirurgiens qui s'engagent avec Médecins sans frontières se sont fait larguer par leur nana dans l'année qui précédait... j'ai dû faire partie du lot d'ailleurs !
Paru le 28/09/2012

(17 notes)
TRANSPARENCE
VINGTIÈME THÉÂTRE
Du samedi 25 août au dimanche 7 octobre 2012

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