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aved Annie Cordie
© Stéphane Bourson
Portrait par Frédéric Maurice
Matthieu Moulin
Profession : paléontologue en légendes du music-hall !

À la fois un original et un passionné. Âgé d'une trentaine d'années seulement, il est une encyclopédie vivante d'artistes qui ne le sont plus toujours. Mais ce qui aurait pu passer pour une passion kitsch relève surtout du travail d'historien.
"Mado Robin est mon idole !" Matthieu Moulin, directeur artistique de Marianne Mélodie, un label de vente de disques par correspondance revendique ses choix. Mado Robin, fameuse cantatrice d'après-guerre dont on disait qu'elle franchissait le mur du son pour donner un contre-contre-ré, la note la plus aiguë jamais chantée, n'aurait probablement jamais imaginé avoir encore de jeunes fans en 2012.

En se lançant dans la réédition de chanteuses et de chanteurs français oubliés ou injustement méconnus, Matthieu Moulin leur redonne une seconde vie. Ses copains s'appellent Berthe Sylva, Luis Mariano, Patricia Lavila... il connaît tout d'eux, la date du moindre de leurs enregistrements et fait probablement partie des rares labels à fournir le maximum d'informations sur leurs œuvres. À force de contacts avec des collectionneurs, de journées passées à la Bibliothèque nationale, à l'INA, il participe depuis une dizaine d'années à enrichir le catalogue de Marianne Mélodie.

Son travail, qu'il compare à juste titre à celui d'un historien, lui a permis de rééditer des titres d'Annie Cordy, période 1950-1960, avant qu'elle ne devienne la chanteuse à tubes, tendance Bonne du curé. Car son plaisir, c'est évidemment de rencontrer ces chanteuses. Annie Cordy bien sûr, Micheline Dax, ou Simone Langlois, sa "copine". Simone qui a connu récemment un fulgurant retour sous les projecteurs grâce au show La France a un incroyable talent sur M6. Avec un début de carrière qui date de 1947, c'est bien la preuve que les téléspectateurs goûtent à nouveau le charme suranné de la vieille chanson française.

On pourrait croire que ce type de réédition ne touche qu'un public ultraminoritaire, et pourtant chaque album est produit à 2 000 exemplaires. Un chiffre honorable dans une industrie du disque qui se porte mal et où certains artistes ne font pas mieux, voire moins bien.

Le nouveau credo de ce héraut de la "paléo-variété" : défendre la chanson française tous azimuts en créant une radio qui lui soit dédiée. C'est déjà fait sur Internet avec le www.retrofm.fr suivie par des aficionados à travers le monde. Mais Matthieu aimerait disposer d'une fréquence pour permettre à tous, notamment les personnes âgées, de pouvoir accéder à ses trésors. Car il les aime ces mamies et ces papys, qu'il fait d'ailleurs régulièrement se déhancher sur le dancefloor de La Coupole le dimanche après-midi alors qu'il endosse ses habits de DJ. Définitivement plus "Old Lady" que Lady Gaga.
Paru le 02/03/2012