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© Bruno Perroud
Portrait par Frédéric Maurice
Bénureau
est aussi indigne qu’indigné !

Alors que les manifestants investissent les centres-villes des capitales du monde pour protester contre une société dans laquelle ils ne se reconnaissent plus, Didier Bénureau avait envie d'apporter sa contribution au débat. Honteux jusqu'au délice !
Est-ce que Moralès est définitivement enterré ?
Moralès est derrière moi. Avec ce spectacle, j'ai pris un virage. J'avais envie de vraiment l'inscrire dans l'actualité. Je voulais parler des escrocs de la finance, de la révolution arabe, de ce qu'on nous cache sur le nucléaire.

Pourquoi ne pas être allé plus tôt dans l'actualité ?

Je me méfiais. J'étais moins à l'aise avec ça. Les chansonniers le faisaient mieux que moi. Et puis, j'ai été débordé par ce qui se passe aujourd'hui, comme le ministère de l'Identité nationale, la stigmatisation des musulmans. Vraiment ça sent le pâté. Ça flirte avec l'extrême droite et je trouve ça ignoble.

Quels nouveaux personnages débarquent sur scène ?

Un chanteur lyrique qui revient de Fukushima et prétend que le nucléaire n'a eu aucune influence sur lui, un banquier cynique qui investit l'argent des pauvres dans des paradis fiscaux, un donneur de leçons qui veut apprendre aux Arabes comment on construit une démocratie après la
révolution...

L'actualité prédomine dans le spectacle ?

Non. On retrouve des respirations purement burlesques comme ce boucher raffiné à la voie aiguë qui en a marre que ses clients lui parlent du temps qu'il fait et des programmes télé de la veille. Avec sa petite voix, il revendique sa culture, son amour de Madame de La Fayette et des mises en scène d'opéra audacieuses. Je ne suis pas là pour délivrer un message, mais pour faire rire les gens.

On retrouve encore des femmes déjantées. Vous aimez incarner des personnages féminins ?

Dans le précédent spectacle, il y avait la belle-mère, dans celui-ci il y a la femme du député qui a sucé Pompidou, enfin c'est ce qu'elle pense puisqu'elle est complètement beurrée à longueur de journée. En province, j'avais rencontré des politiques qui pensaient la connaître. Sans le savoir, j'aurais incarné la femme du président d'un conseil régional qui picolerait du matin au soir pour oublier les infidélités de son mari.

Vous avez un entraînement sportif particulier ? Parce que votre spectacle est très physique.

Je fais attention. Je ne voudrais pas qu'un problème de poids ou de santé m'empêche de faire ce dont j'ai envie sur scène.

N'avez-vous pas peur de dérouter vos fans en vous ancrant dans des sujets de la vie réelle ?

Je reste dans la généralité, je ne cite jamais de nom. Le burlesque est toujours très présent dans mes sketches. Mais pour ne pas décevoir le public, je réserve toujours un tout petit extrait de mes tubes pour que le plaisir soit total.
Paru le 06/12/2011

(33 notes)
DIDIER BÉNUREAU - Indigne
THÉÂTRE LE SPLENDID
Du vendredi 9 septembre 2011 au samedi 7 janvier 2012

COMÉDIE. J’étais énervé. C’est le spectacle d’un type énervé. Par tout: moi, l’actualité, la vie, les gens, tout! Donc, quand on est énervé, on dit des choses qu’il ne faut pas dire. Quand on est énervé on ne réfléchit pas. D’ailleurs, quand je réfléchis, il n’en sort jamais rien de bon, il vaut mieux que ...

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