Interview par Marie-Céline Nivière
Patrick Chesnais dans Love
à la Comédie des Champs-Élysées
Patrick Chesnais promène sa haute silhouette, son air débonnaire un peu « Jean de la lune » et sa diction bien particulière sur les scènes de théâtre, les écrans de cinéma et de télévision. Aujourd'hui, il reprend le rôle d'Harry dans la pièce de Murray Schisgal, Love. Rôle qui lui avait fait connaître un grand succès, il y a seize ans.
« Charmant homme »
Le rendez-vous était fixé à la brasserie Chez Francis, à deux pas du théâtre. Il était déjà installé à une table. Et il était exactement comme je l'espérais. Patrick Chesnais dégage avant tout de la sympathie et ressemble assez à ses personnages. Il vous met tout de suite à l'aise. Je me prépare à faire l'interview et me voilà piégée. C'est lui qui mène la danse et me pose mille et une questions, très pertinentes, sur ce qu'est Starter Plus et sur Pariscope. J'ai peur que son papier soit meilleur que le mien.
Un réalisateur
La première chose abordée, car elle lui tient particulièrement à cœur, son film, le premier en tant que réalisateur. Nous avons épluché tristement Pariscope, mais le verdict est tombé, s'il se jouait encore la semaine dernière, Charmant garçon n'est plus à l'affiche. Il ne semble pas déçu, encore moins amer. Le film a eu un accueil très favorable et il est tout à sa joie de savoir qu'il est distribué en ce moment même aux États-Unis. Ça fait toujours plaisir. Surtout pour un premier film. L'aventure l'a emballé. Normal, réaliser un vieux rêve d'enfant, c'est ce qu'il y a de mieux dans la vie. Non ?
Un homme passionné
L'autre grand rêve d'enfant de Patrick Chesnais, le théâtre. Il a eu le virus en assistant à une représentation des Fourberies de Scapin. Le voilà, à 17 ans et demi, admis au Conservatoire. C'est tellement jeune qu'il a dû obtenir une dérogation. Ses professeurs s'appelaient René Simon, Robert Manuel (15 jours !) et Lise Delamare.
Il sort du Conservatoire avec un premier prix. À l'époque, cela signifiait la Comédie-Française et avoir sa photo en première page des journaux. Patrick Chesnais aura sa photo, son passage télé, mais pas le Français. Maurice Escandre, alors patron de la maison, le trouve trop moderne (sic). Patrick Chesnais n'aura pas le temps d'avoir des regrets, car il trouve tout de suite du travail et des grands rôles.
Toujours dans l'ordre des rêves réalisés, Chesnais en avait trois : Alceste, Figaro et Scapin. Il les a tous interprétés. Son parcours est étonnant. Il a presque tout joué : Goldoni, Shakespeare, Pirandello, Tchekhov... Et vu le pétillement dans son œil, ce fut avec un grand plaisir. Il parle peu de rencontres avec des metteurs en scène. Il privilégie les mots, le plaisir du jeu du comédien. Il l'avoue, la mise en scène de théâtre ne le tente pas.
Ces dernières années, il s'est consacré aux pièces contemporaines. Elles sont majoritairement d'origine anglaise, américaine. Il a eu raison, cela lui a fort réussi. En plus, il y est excellent. Il avoue un grand faible pour Skylight de David Hare, qu'il a joué avec Zabou à la Gaîté-Montparnasse en 1998.
« Love », le retour
La pièce de Murray Schisgal, Love, est en osmose avec ses affinités. Elle fut montée pour la première fois par Michel Fagadau, en 1985. Tout Paris s'y est précipité. C'était l'événement théâtral de l'année. Il fallait absolument aller voir Patrick Chesnais, Catherine Rich, André Dussolier.
Lorsque, seize ans plus tard, Michel Fagadau lui demande de reprendre la pièce, Patrick Chesnais est d'abord surpris, trouve l'idée un peu saugrenue. Et puis, il se dit pourquoi pas. Il était intéressant de retrouver ce personnage d'Harry. Le temps avait fait son œuvre, apporté des expériences et des rides. Du coup, Chesnais a abordé Harry avec plus de psychologie, de fragilité et de loufoquerie. Quant à ses nouveaux partenaires, l'exquise Fanny Cottençon et Sam Karman, ils allaient aborder leur personnage avec leur propre sensibilité. Il était là le « challenge ». On ne refaisait pas la même chose, on recréait la pièce.
Love est une comédie où l'on se moque de l'amour, du mariage, des sentiments, du désespoir, de l'amitié. Harry ne croit plus en rien et se détruit. Milt est un éternel amoureux égoïste qui veut mordre la vie à pleines dents. Et Ellen cherche le bonheur auprès des deux hommes. C'est drôle, émouvant. Les comédiens ont là une belle partition à interpréter.
Ah ! Le rendez-vous est terminé. J'aimais bien cette conversation. Mais Patrick Chesnais doit aller au théâtre. Les journées sont longues pour lui, un film dans la journée et, le soir, les planches.
Le rendez-vous était fixé à la brasserie Chez Francis, à deux pas du théâtre. Il était déjà installé à une table. Et il était exactement comme je l'espérais. Patrick Chesnais dégage avant tout de la sympathie et ressemble assez à ses personnages. Il vous met tout de suite à l'aise. Je me prépare à faire l'interview et me voilà piégée. C'est lui qui mène la danse et me pose mille et une questions, très pertinentes, sur ce qu'est Starter Plus et sur Pariscope. J'ai peur que son papier soit meilleur que le mien.
Un réalisateur
La première chose abordée, car elle lui tient particulièrement à cœur, son film, le premier en tant que réalisateur. Nous avons épluché tristement Pariscope, mais le verdict est tombé, s'il se jouait encore la semaine dernière, Charmant garçon n'est plus à l'affiche. Il ne semble pas déçu, encore moins amer. Le film a eu un accueil très favorable et il est tout à sa joie de savoir qu'il est distribué en ce moment même aux États-Unis. Ça fait toujours plaisir. Surtout pour un premier film. L'aventure l'a emballé. Normal, réaliser un vieux rêve d'enfant, c'est ce qu'il y a de mieux dans la vie. Non ?
Un homme passionné
L'autre grand rêve d'enfant de Patrick Chesnais, le théâtre. Il a eu le virus en assistant à une représentation des Fourberies de Scapin. Le voilà, à 17 ans et demi, admis au Conservatoire. C'est tellement jeune qu'il a dû obtenir une dérogation. Ses professeurs s'appelaient René Simon, Robert Manuel (15 jours !) et Lise Delamare.
Il sort du Conservatoire avec un premier prix. À l'époque, cela signifiait la Comédie-Française et avoir sa photo en première page des journaux. Patrick Chesnais aura sa photo, son passage télé, mais pas le Français. Maurice Escandre, alors patron de la maison, le trouve trop moderne (sic). Patrick Chesnais n'aura pas le temps d'avoir des regrets, car il trouve tout de suite du travail et des grands rôles.
Toujours dans l'ordre des rêves réalisés, Chesnais en avait trois : Alceste, Figaro et Scapin. Il les a tous interprétés. Son parcours est étonnant. Il a presque tout joué : Goldoni, Shakespeare, Pirandello, Tchekhov... Et vu le pétillement dans son œil, ce fut avec un grand plaisir. Il parle peu de rencontres avec des metteurs en scène. Il privilégie les mots, le plaisir du jeu du comédien. Il l'avoue, la mise en scène de théâtre ne le tente pas.
Ces dernières années, il s'est consacré aux pièces contemporaines. Elles sont majoritairement d'origine anglaise, américaine. Il a eu raison, cela lui a fort réussi. En plus, il y est excellent. Il avoue un grand faible pour Skylight de David Hare, qu'il a joué avec Zabou à la Gaîté-Montparnasse en 1998.
« Love », le retour
La pièce de Murray Schisgal, Love, est en osmose avec ses affinités. Elle fut montée pour la première fois par Michel Fagadau, en 1985. Tout Paris s'y est précipité. C'était l'événement théâtral de l'année. Il fallait absolument aller voir Patrick Chesnais, Catherine Rich, André Dussolier.
Lorsque, seize ans plus tard, Michel Fagadau lui demande de reprendre la pièce, Patrick Chesnais est d'abord surpris, trouve l'idée un peu saugrenue. Et puis, il se dit pourquoi pas. Il était intéressant de retrouver ce personnage d'Harry. Le temps avait fait son œuvre, apporté des expériences et des rides. Du coup, Chesnais a abordé Harry avec plus de psychologie, de fragilité et de loufoquerie. Quant à ses nouveaux partenaires, l'exquise Fanny Cottençon et Sam Karman, ils allaient aborder leur personnage avec leur propre sensibilité. Il était là le « challenge ». On ne refaisait pas la même chose, on recréait la pièce.
Love est une comédie où l'on se moque de l'amour, du mariage, des sentiments, du désespoir, de l'amitié. Harry ne croit plus en rien et se détruit. Milt est un éternel amoureux égoïste qui veut mordre la vie à pleines dents. Et Ellen cherche le bonheur auprès des deux hommes. C'est drôle, émouvant. Les comédiens ont là une belle partition à interpréter.
Ah ! Le rendez-vous est terminé. J'aimais bien cette conversation. Mais Patrick Chesnais doit aller au théâtre. Les journées sont longues pour lui, un film dans la journée et, le soir, les planches.
Paru le 21/05/2001





