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© Sylvie Lancrenom
D.R.
Interview par François Varlin
Liane Foly
“Je peux faire une carrière plurielle”

"On parle de tout ce que vous voulez", prévient-elle en s'installant sur un canapé. Et c'est tant mieux ! Car la carrière de Liane Foly interpelle. Avec un spectacle, "La Folle Parenthèse", applaudi par déjà plus de 200 000 spectateurs, la sortie du DVD de ce show inattendu, et un Olympia plein à craquer fin décembre, la belle, devenue imitatrice, a su surprendre. Retour sur un pari réussi.
La parution du spectacle en DVD signifie-t-elle que cette Folle Parenthèse se referme ?
Non, la tournée se terminera en juin 2009. C'était une aventure dont j'avais très envie, un virage très important que je ne voulais pas rater. J'attendais d'être prête, j'en suis encore tout étonnée aujourd'hui : j'ai eu le culot de la faire ! Il faut savoir surprendre. Je voulais que ce spectacle soit un grand karaoké où les gens chantent et me répondent. C'est pour cela que je n'ai pas fait de parodies des paroles. Je n'utilise pas ma vraie voix pendant deux heures de scène, car je suis dans un travail de comédienne. Souvent, on me réclame mes chansons à la fin, mais je ne suis pas dans cet état d'esprit. La partie chanteuse, je l'ai vraiment mise de côté dans ce show.

Quels sont ceux qui vous ont soutenue dans ce projet.
Jean-Claude Brialy et Line Renaud m'ont beaucoup poussée à le faire. Ils ont été comme des parrains et marraines tout au long de ma carrière. Mes amis aussi, la bande des Enfoirés, ma famille... Tous ont dit : "Enfin !" Jusqu'à présent, j'étais dans un autre circuit, la musique, les albums, les disques, et j'avais besoin de comédie, de rire. Je m'ennuyais un petit peu trop dans les studios, ces laboratoires de chansons, la promo, les tournées. J'avais envie d'autres choses.

Quelle a été la réaction du public ?
Il a suivi le mouvement. Ce qui est génial, c'est que j'ai maintenant un autre public, qui ne me suivait pas en tant que chanteuse et qui est un public d'humoriste. Mon public s'est aussi particulièrement rajeuni : il y a des jeunes de 17 à 25 ans qui m'attendent à la sortie pour m'embrasser, faire des photos...

La célébrité est-elle une contrainte ?
Je le vis bien, parce que je suis très naturelle. Ce serait malhonnête de ne pas aller vers les gens. Le public est toujours très respectueux, très gentil. Une femme a beaucoup plus de problèmes à garder une célébrité au cours des années. Les immenses stars féminines de variétés des années 70-80 n'ont pas continué après la quarantaine ; les carrières à la Line Renaud, Annie Cordy, Juliette Gréco sont exceptionnelles. Moi, je peux faire une carrière plurielle, je l'exerce et tant mieux si cela fonctionne et que ça passe !

N'est-ce pas se mettre en danger que de faire ce virage dans une carrière ?
Si. Mais je me suis souvent mise en danger, même lorsque je n'étais pas connue. Je suis très téméraire. J'aime surprendre, être une femme caméléon sachant faire plusieurs choses. Mais ce n'est que de la scène ; je sais jouer la comédie, chanter, danser ; à part cela je ne sais rien faire d'autre ! - si ! un peu la cuisine ! Je pense aussi être assez "fendarde" dans la vie et agréable à vivre. Mais à part ce côté clown, ce côté fantasque, rien ne retient trop mon attention dans l'existence. J'ai commencé avec un look et des mises en scène assez spéciaux à mes débuts, je voulais faire du jazz pur. J'ai fait de la variété teintée de jazz. Quand j'ai rencontré André Manoukian - il y a très longtemps, dans une autre vie -, je voulais qu'il me fasse vraiment du jazz, mais il n'a jamais vraiment adhéré. Pour lui j'étais une chanteuse de bal, donc je devais faire de la variété. Faire un truc qui marche, qui rapporte ! Dans les années à venir, le jazz sera ma musique de chevet, je suis une crooneuse ! J'aime aussi beaucoup le lyrique - je suis mezzo-soprano -, mais une carrière de soliste classique n'était pas assez rock'n'roll pour moi !

Pour réussir une imitation, faut-il beaucoup aimer - ou détester - la personne que l'on imite ?
Il faut avoir une attention, un déclic, une aspérité. Pour Catherine Laborde, c'est en voyant mon père regarder la météo que cela s'est produit. Il faut une excitation, je ne regarde jamais les gens sous un angle négatif, et particulièrement les femmes. J'ai un regard admiratif. Quand une voix est trouvée, elle ne me quitte plus. Sur scène, c'est toute une enveloppe qui me prend de haut en bas. C'est très impressionnant et très mystérieux de rentrer dans la peau de quelqu'un d'autre... C'est un don, mais aussi un métier. Un nouveau métier que j'exerce depuis tellement jeune. Petite, j'imitais les gens qui venaient au magasin de mes parents, mes profs, mes copines... Si vous m'invitiez à dîner, je pourrais tout de suite imiter les personnes qui seraient autour de la table !

Quelle groupie êtes-vous des gens que vous imitez ?
Je suis montée sur scène dès l'âge de 4 ans en faisant de la danse classique. J'étais donc déjà dans le spectacle, même artiste méconnue. Je n'étais pas une groupie, j'étais plutôt animée de l'envie d'entrer dans cette famille. Par contre, à 11 ans, j'étais amoureuse de Lino Ventura et de Robert Hossein !

Il y a peu de femmes imitatrices...
C'est vrai, il n'y en a pas beaucoup. Je vais tenter un casting dont je serai la marraine ! Il y a Sandrine Alexi, Chantal Gallia, Sophie Darel. Beaucoup de filles comiques n'osent pas. Peut-être que le rire fait partie de tout ce que la femme n'a pas eu le droit de faire. Au début de ma carrière, il fallait que je me batte avec ma maison de disques pour aller faire un Carnaval chez Patrick Sébastien... C'est pour cela que longtemps, les gens ont pensé que je n'étais pas drôle du tout, que j'étais glaciale !

Qui imite Liane Foly ?
De très bons imitateurs ! Il y a Frédéric Lebon qui réussit très bien. Et aussi des transformistes. Certains me caricaturent aussi.
Paru le 21/02/2009