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D.R.
Interview par François Varlin
Sylvie Vartan
ne se plaint… de rien !

Sylvie Vartan n'est pas une icône. C'est une légende vivante que toutes les scènes du monde s'arrachent depuis les années 60. Une allure, une intonation, des gestes qui n'appartiennent qu'à elle, Sylvie traverse le monde et les modes avec un succès sous chaque pas. Un goût du spectaculaire, un glamour, une carrière exemplaire.
Après votre triomphe au Palais des Congrès de Paris et en tournée, le DVD de votre spectacle est sorti en octobre. Quel regard portez-vous sur un show auquel vous n'aviez pas habitué le public ?
Cela a été un vrai bonheur du début à la fin, et je ne m'attendais pas à une telle réaction. Dès mes débuts, j'ai abordé la scène en y apportant un côté théâtral et chorégraphique à chaque fois. Là, je me suis retrouvée seule, dans ces grandes salles, avec mes musiciens et le public... Je me demandais comment les gens, qui avaient l'habitude de spectacles avec un S capital, avec beaucoup de changement de costumes, des ballets, allaient réagir... C'était pour moi un énorme point d'interrogation. J'étais extrêmement surprise de voir qu'ils disaient que c'était l'une de mes meilleures prestations.

Abandonnez-vous pour autant les grands shows à l'américaine ?
Je choisis toujours la couleur de mes shows en fonction de l'endroit où je dois me produire, et j'écoute mon cœur. Depuis de nombreuses années, je propose des spectacles très élaborés, et d'avoir retrouvé le public d'une manière aussi différente me pousse à innover pour ceux à venir. Je fonctionne toujours à l'instinct, je ne prémédite rien...

Incontestablement, vous avez marqué la chanson française. Quel regard portez-vous sur ce qui se fait actuellement ?
Mon regard s'est précisé, affiné avec la connaissance de ce métier et le fait d'avoir tant chanté sur scène. Je crois que l'on n'est vraiment artiste que lorsque l'on a ce contact avec le public. Enregistrer en studio, c'est passionnant mais tellement différent. Les chansons prennent une autre dimension quand on les redonne au public. Par rapport à mes 16 ans, mon regard a vraiment changé. J'ai parcouru les scènes du monde entier et j'ai appris énormément de choses sur ma propre sensibilité. Il y aura toujours des artistes qui plairont aux jeunes, qui dureront, qui auront du talent, et d'autres qui s'éteindront au bout de trois ou quatre ans. Le jeune public est beaucoup moins facile à fidéliser que celui de mon adolescence ; le monde est devenu un grand marché... Mais il y aura toujours des artistes !

Plus que les comédiens, les chanteurs dans notre société semblent avoir une place privilégiée dans la vie des gens...
J'ai longtemps pensé que c'était merveilleux de chanter car cela procurait un plaisir personnel très fort, sans toutefois réfléchir au fait que les gens ressentaient la même chose. Je pensais que mon métier était un grand bonus, émouvant, plein de joie pour moi, et je me rends compte à quel point le public est important dans ma vie et comment je fais partie de la leur. C'est une grande famille qui me porte et qui me manque lorsque je ne la vois pas pendant longtemps. C'est pour cela que je songe à mon prochain spectacle dès à présent.

Au milieu des stars éphémères, vous durez. Quel est votre secret ?
Il n'y a pas de secret. Moi, ma recette, c'est d'écouter mon envie, mon désir, mon cœur. Ce qui me motive, ce sont mes rêves. Je ne choisis pas vraiment : j'aime une salle ou pas. Je n'écoute que ce que j'ai envie de faire, et cela m'a toujours réussi. J'étais sur des rails, dès l'enfance ; je viens d'une famille d'artistes et cela ne faisait pas l'ombre d'un doute pour moi que je ferais ce métier. C'était complètement fou d'avoir ce rêve tant il est difficile de percer, d'avoir du succès et, surtout, de durer. Il faut d'abord avoir un rêve !

Vous êtes le contraire d'une Madonna qui cherche sans cesse à capter la tendance en vogue.
Je suis plus une interprète. J'ai eu mes périodes avec des engouements selon les rencontres. On ne sait jamais ce qui inspire, mais on le met à sa sauce. Cela passe par une façon de bouger qui vous est personnelle, une gestuelle. La scène fait tellement partie de ma vie.

Prenez-vous le temps d'aller au théâtre à Paris ?
J'aime beaucoup le théâtre. Je suis allée avec ma fille, l'année dernière, voir L'Avare interprété par Michel Bouquet. J'apprécie les pièces classiques. Paris est l'endroit idéal pour cela. Mais j'y séjourne surtout pour travailler, chanter, préparer mes spectacles. Et c'est vrai qu'une fois tout cela terminé, je retourne très vite aux États-Unis ou ailleurs, ce qui ne me laisse pas beaucoup de temps pour des loisirs purs.

Pourquoi le public vous est-il tellement attaché, malgré votre éloignement de la France ?
Je fais partie de la famille ! J'ai l'impression de lui être intégrée, j'ai grandi aux yeux de tout le monde, malgré moi. Il y a beaucoup de choses que l'on a partagées, le lien est devenu de plus en plus fort. Je ne pensais pas qu'il y aurait cette force. L'immobilité n'est pas un mot qui fait partie de ma vie, ni de mon vocabulaire. J'habite le monde. Le fait de voyager et de chanter partout vous ouvre à l'inspiration. Très tôt j'ai parcouru le monde avec des yeux d'enfant, je l'ai précisé avec des yeux de femme.

Aimeriez-vous surprendre le public en jouant une pièce un jour ?
J'ai toujours conçu mes spectacles et rêvé mes shows d'une façon théâtrale, dramatique. Même pour mes chansons lentes, chantées seule avec un piano, il y a une dramaturgie. C'est comme cela que je me sens bien et que j'aime redonner de l'émotion. Je suis interprète avant tout. Alors jouer au théâtre, pourquoi pas ? Il y a des occasions qui font les larrons, et si quelque chose m'emballe, alors je le jouerai.
Paru le 01/01/2009