Il avait fait un petit détour par le Trévise, mais Bud est de retour sur la scène des Blancs-Manteaux. Son bonnet péruvien est devenu sa marque de fabrique, notamment tous les soirs de la semaine aux côtés de Lagaf' sur TF1. C'est là sans doute son seul point commun avec le show simiesque de l'animateur. Ancien médecin, il est sur scène un chirurgien du rire, surtout lorsqu'il endosse la blouse de « docteur en zygothérapie ». Théoricien de l'absurde, il se transforme en Ramuntcho, un musicien qui joue absolument de tous les instruments, surtout les plus inattendus. Et quand il promet de faire se plier en quatre son public, ce n'est pas
du pipeau.
Sans bonnet péruvien, Bruno Lugan travaille quand même du chapeau. Chacun de ses couvre-chefs lui permet de créer un nouveau personnage. Souvent grivois, il justifie le nom de son spectacle, Accord parental souhaitable, où il enchaîne les caractères : du futur papa à cran dans l'attente que sa femme accouche en passant par la princesse bridée par sa ceinture de chasteté. Avec tous ses chapeaux, il ne lui manque plus qu'à camper le préfet Bonnet...

Nous nous sommes tous déjà retrouvés sur un quai de métro en train de chiffonner le ticket qu'on venait d'acheter. Et si on se faisait contrôler, il y avait toujours moyen de s'arranger. Pas quand on s'appelle Ludo ! Il campe un « insaisissable Monsieur Crampon », et quand il veut négocier, ça part dans tous les sens. Il est pourtant plein de sensibilité et de poésie, mais il est dans son petit monde et toutes ses explications le conduiront jusqu'en prison, et pire encore.
Loin du stand up, ce one-man est quasiment une pièce à la mise en scène rigoureuse. Une transition vers le théâtre ?...

Chemin inverse en revanche pour Jean-Luc Borras. Comédien au départ, il se régénère dans le contact et le dialogue direct avec le public. Et pour ce méridional, « tout va trop vite ». Ne tombons pas dans le cliché facile selon lequel les gens du Sud sont un peu lents ; mais J-LB angoisse. Sa femme n'est pas enceinte de quatre mois qu'il réfléchit déjà dans quelle université il va inscrire l'enfant. Mais sa force réside aussi dans sa maîtrise de l'actualité qu'il maltraite gentiment chaque jour au cours de quelques digressions avec son auditoire. Angoissé toujours : après deux semaines de grève à la SNCF, il se demandait si un « préavis de travail » n'allait pas être déposé pour Pâques sans prévenir personne.

Dernière étape de ce panorama, un groupe de trois allumés : Bruno Massardo, David Hissler et Delphine Burési, tout droit sortis d'un asile de fous. Et ils le revendiquent dans Ils nous ont relâchés c'matin. Deux hommes, une femme et autant de possibilités de créer des couples plus loufoques les uns que les autres : les beaufs Ginette et Bichon, les chics Alban et Ségolène ou les folles Helmut et Siegfried perdues dans une course de relais à deux. Installés aux Blancs-Manteaux depuis quatre ans, le public, lui, ne les a jamais lâchés.