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© Patrick Imbert
Interview par Manuel Piolat Soleymat
Pascal Rambert directeur du Théâtre de Gennevilliers
“J’ai conçu mon projet en vue de créer un rapport de porosité entre le réel et le théâtre”

Qu'est-ce qui a motivé votre décision de postuler à la direction du Théâtre de Gennevilliers ?

Il y a beaucoup de convergences qui m'ont donné envie de venir ici. D'abord, j'ai senti que ma nomination n'était pas une chose impossible, que Bernard Sobel ne s'y opposerait pas. Pour moi, c'était un préalable, car j'ai beaucoup d'admiration pour lui. Et puis, je dois dire que le Théâtre de Gennevilliers a été un lieu formateur pour moi. J'ai vu beaucoup d'artistes magnifiques, ici : François Tanguy, Bob Wilson, Didier-Georges Gabily... Il s'agit d'un endroit qui occupe une place particulière dans le paysage théâtral.

Vous déclarez avoir pensé votre projet pour ce lieu comme un point de départ. Un point de départ pour où, vers quoi... ?

Un point de départ vers les autres. Je souhaite que le Théâtre de Gennevilliers soit un lieu totalement ouvert sur la ville, un lieu dans lequel, de 11 heures à 23 heures, chacun puisse venir lire, manger, assister à une répétition, rencontrer des artistes... J'ai conçu mon projet en vue de créer un rapport de porosité entre le réel et le théâtre. C'est d'ailleurs l'une des bases de mon travail d'artiste : aller puiser dans le réel et l'amener sur le plateau. Cela sans faire de populisme, en conservant une exigence artistique très poussée. J'ai envie que ma présence à Gennevilliers fasse bouger le réel de la ville et, en retour, que le réel de la ville fasse bouger les œuvres qui seront produites ici : c'est ça, l'ADN de mon projet.

Quelle est la ligne directrice de votre programmation artistique ?

Je souhaite accueillir des artistes, français et étrangers, qui viennent répéter et créer leurs spectacles à Gennevilliers, donc des artistes accessibles, présents dans le théâtre, que l'on puisse toucher. Je suis particulièrement attentif à ceux qui sont à l'origine de leur propre écriture. Souvent, les directeurs de théâtre sont frileux devant les créateurs qui proposent des univers entiers. Moi, je suis un auteur-metteur en scène et j'essaie de privilégier les miens.

Vous allez prochainement créer Toute la vie et L'Art du théâtre. Pouvez-vous, nous présenter votre univers artistique ?

Comme tous mes spectacles, Toute la vie et L'Art du théâtre participent d'une lutte idéologique contre ce qui est séparé. Ce que je produis sur un plateau, c'est ce que je vis en moi, c'est-à-dire un mélange de cinéma, de danse, d'écriture... Ce n'est pas un art total, mais quelque chose qui déteste les clivages. Derrière cela, la vraie idée politique, c'est de travailler pour une mixité des pratiques de l'art, de rendre possible une forme de porosité entre les personnes, les couches sociales, culturelles, nationales...
Paru le 09/12/2007