La première s'appelle Anne Tappon et son spectacle, Borderline, s'apparente, comme son nom l'indique, à une mise en abyme de la folie, de ces instants où les obsessions quotidiennes deviennent le rempart d'une intolérable réalité, toutefois jouissive pour le spectateur. Portées par un courant frénétique, les figures qu'elles incarnent (une Marseillaise dont les techniques de beauté feraient fuir le plus néandertalien de nos contemporains, une lectrice assidue des pages godemichés de La Redoute, une chorégraphe russe en proie à des divagations mystiques) se superposent en un kaléidoscope tout droit sorti d'un trip au LSD. De facture plus traditionnelle, C'est du propre, le spectacle de Nathalie Javelle, n'en demeure pas moins efficace, tant sa présence magnétique et son écriture incisive se dispensent de tout artifice. Son fonds de commerce : les bourreaux ordinaires, ceux dont l'inconsciente monstruosité filtre au détour d'une parole, celle qui, sous ses allures badines, n'en demeure pas moins tranchante pour qui l'encaisse. Sont ainsi mis en scène une fillette ayant renversé une armoire sur sa camarade de jeu, une catastrophe nationale, un hamster dépressif, une déclaration d'amour au vitriol. Une avalanche de farces noires irrésistiblement tordantes !