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© Carole Bellaiche
Interview par Alain Bugnard
Hélène Delavault
sur le divan de Freud !

Jusqu'au 23 décembre au théâtre du Rond-Point, la chanteuse et comédienne Hélène Delavault prendra les traits d'Yvette Guilbert pour une fantaisie lyrico-pseudo-psychanalytique, "Yvette et Sigmund ou les gants noirs de la psychanalyse"..., en compagnie du pianiste et percussionniste Jean-Pierre Drouet.
Une rencontre entre une chanteuse fantaisiste et le père de la psychanalyse. Voilà qui est inattendu !
Je connaissais très bien Yvette Guilbert mais j'ai été très surprise d'apprendre l'existence de cette amitié ! Son travail était de montrer, à travers ses chansons et les personnages qu'elle incarnait, toutes sortes de portraits de femmes. C'est ce qui avait intrigué Freud. Ils ont entretenu une correspondance dans laquelle il a tenté de proposer des interprétations psychanalytiques du métier d'actrice. Elle en fera état en 1938 dans le journal parisien Le Soir : "C'est à Freud que je dois de m'être vue sous la forme d'un hôtel meublé dont le propriétaire tire profit de cette grouillante humanité logée en soi." Elle n'était pas du tout d'accord avec lui : elle était dans la construction et non l'identification. Elle considérait que c'était très extérieur à elle et qu'il n'y comprenait rien ! J'ai donc imaginé une discussion, mais comme je ne voulais pas mettre Freud en scène, je lui ai donné comme partenaire un pianiste fou de psychanalyse qui analyse tout de manière excessive et obsessionnelle, où tout est prétexte à jeux de mots !

Comment se déroule le spectacle ?
Il s'ouvre sur une conversation qui amène la chanson La Tour Eiffel. S'ensuit une discussion sur l'érection, le feu d'artifice, le ratage, et là-dessus arrive Quand on vous aime comme ça ou la femme ravie qu'on lui tape dessus ! D'où le débat, "les femmes sont-elles fondamentalement masochistes ?", où la mère est évoquée, Freud ayant expliqué que la paranoïa de la femme venait de son rapport à la mère. Et nous nous interrogeons sur ce que doit être une bonne mère. En découle La Bonne Mère, dans laquelle une femme dit à sa fille devenue prostituée de luxe : "Maintenant que tu as réussi, tu devrais penser à ta mère !" Et ainsi de suite... Je me moque des dérives de la psychanalyse. Freud était un génie même si certaines de ses théories sont aujourd'hui battues en brèche, en particulier la psychologie et la sexualité des femmes. Il a lui-même écrit en 1925 qu'il ignorait toujours ce que voulaient les femmes, ce "continent noir" !

Sur quels autres projets travaillez-vous ?
La reprise d'un spectacle joué plusieurs fois en tournée : Liturgies pour un monde de paix. Je suis accompagnée d'une pianiste, Susanne Manoff, et de Marie-Christine Barrault. C'est une compilation de textes des trois grandes confessions, accompagnés de musiques de Bach, Mahler, Schubert, Schuman, Bernstein... Un spectacle très tonique sur la place de l'homme dans l'univers ! En 2007, je reprends une comédie musicale de Kurt Weill : Signé Vénus, l'histoire d'une statue venant à la vie et qui ne parvient pas à s'adapter au monde trop étriqué des humains !
Paru le 20/11/2006

(2 notes)
YVETTE ET SIGMUND
THÉÂTRE DU ROND-POINT
Du mardi 14 novembre au samedi 30 décembre 2006

TEXTES/CHANSONS. Une fantaisie lyrico-pseudo-psychanalytique pour chanteuse et percussionniste. Que Sigmund Freud ait été un grand admirateur d’Yvette Guilbert, la chanteuse rousse aux gants noirs peinte par Toulouse-Lautrec, c’est un fait d’histoire et un secret bien gardé…Vous saurez tout de cette drôle d’amitié...

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