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D.R.
Portrait par François Varlin
Sandra Everro et Julien Héteau
Nouveaux directeurs du Funambule-Montmartre

Après un été bien employé à nettoyer, repeindre la salle, rénover la scène et ses équipements techniques, repenser les lumières et changer les fauteuils, c'est dans un cadre renouvelé que Sandra Everro et Julien Héteau, nouveaux directeurs du théâtre Le Funambule-Montartre, vous reçoivent.
Passionnés, intarissables sur leurs projets, Julien Héteau et Sandra Everro sont des directeurs de théâtre comme on en a rarement vu. C'est peu de dire que Julien a mis les mains tôt dans le pétrin, quand on sait qu'il est entré à 15 ans en pâtisserie. Très vite ses vieux rêves d'enfance sur le théâtre le rattrapent et il abandonne son fournil pour écrire un premier spectacle et monter sa compagnie. Sandra, elle, met la main à la pâte de son côté en en devenant la présidente ; celle qui, adolescente, tournait déjà dans de longs-métrages, se souvient des galères rencontrées à la recherche de subventions. Pour parvenir à acheter leur théâtre, ils ont économisé chaque cachet. À 26 ans, leur rêve vient de se concrétiser : "On a notre jeunesse pour nous, donc on en profite !"

Repartir de zéro

Ils chaussent les souliers de Jean-Marc Casalta qui a fondé et dirigé le lieu durant vingt ans. "Nous repartons de zéro, on garde le nom, la structure, mais nous faisons table rase. Non pas dans une volonté de révolution, ni dans l'idée de faire mieux. Au contraire, on est très attachés à nos anciens, on se fait beaucoup conseiller par des directeurs et des producteurs, car on est novices", précise Julien. De fait, ils promènent sur leur salle de 100 places des regards gourmands, comme deux jeunes musiciens le feraient sur un nouvel instrument en se demandant quel air ils pourraient bien nous jouer. Les questions de programmation les occupent dans une ligne de création contemporaine. "Cette ligne peut passer par des formes différentes, on veut marcher aux coups de cœur sans se fermer de portes : la comédie, la poésie, la réflexion... La forme nous importe moins que le fond. On écoute les saisons."

Créer une identité

Un souci, donc, de créer une identité sur le plateau et dans la salle avec deux pièces par soir et la transformation informelle en restaurant à l'issue de la dernière, l'esprit convivial qui dépasse la simple consommation de spectacle. Julien à la cuisine et Sandra au service, ces deux-là savent tout faire : "On s'est mis à la gestion, à la compta, à la programmation, à la communication, on fait la billetterie..." Bientôt ils se produiront aussi sur leurs propres planches. Pour l'heure ils habitent le lieu, au propre comme au figuré, et concluent : "On se fait plaisir. On s'est acheté une liberté qui nous coûte cher, mais la liberté n'a pas de prix."
Paru le 03/01/2007