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D.R.
Portrait par François Varlin
Kamel Ouali
Glamour et urbain

À 34 ans, Kamel Ouali est devenu le roi des chorégraphies pop. Plusieurs spectacles à succès et une émission de télévision récurrente ont fait de lui le prince de la "danse tube attitude". Il connaît le goût de la gloire, après avoir été applaudi par plus de 800 000 spectateurs, son spectacle "Le Roi Soleil" se réinstalle à Paris pour une nouvelle saison.
Vous vous défendez d'être le porte-drapeau des jeunes de banlieue qui ont réussi, pourtant vous êtes parvenu à vous faire un beau et grand nom...
C'est un beau parcours, mais je ne regarde pas derrière. Je préfère regarder tout ce qu'il reste encore à faire. J'ai tout à fait conscience d'avoir popularisé la danse. Je crois en cet art, tellement complet, par lequel on peut raconter tant de choses. On me dit que les cours et les écoles de danse se remplissent pour faire "comme Kamel Ouali"... Je trouve cela génial, car cela apporte du bonheur. C'est l'art le plus compliqué que l'on connaisse, dur et complexe ; demandant beaucoup de travail. Je suis vraiment content d'avoir popularisé cela.

Regardez-vous les diffusions quotidiennes de la Star Academy ?
Jamais. Ce n'est pas parce que je ne m'aime pas, mais j'ai envie d'aider les gamins par leur performance artistique et par rapport à leur personnalité au moment où je les vois. Je ne souhaite pas savoir ce qu'ils font dans la journée, s'ils sont sympas en cours, s'ils m'aiment bien ou pas... Je m'en fous !

Etes-vous un chorégraphe, un metteur en scène ou un homme de télévision ?
Pas un homme de télévision : je travaille sur un programme où je fais mon métier, j'y suis chorégraphe et je mets en scène le prime. Je suis un artiste qui fait de la mise en scène, de la chorégraphie, parfois je suis coach, parfois prof... Je fais des défilés de mode, des clips : je ne suis pas trop catalogué.

Au milieu de toutes ces activités, avez-vous le temps de sortir assister à des spectacles ?
Oui, mais mon métier me gêne. Il faudrait presque que j'aille voir un spectacle deux ou trois fois pour oublier la technique. J'adorerais avoir plus de recul : je suis allé voir le spectacle de Madonna plusieurs fois. La première, je l'ai moins apprécié que les suivantes où j'ai pu me laisser aller ; j'étais trop accaparé par la construction, les questions de scénographie dont je reste prisonnier. Il faudra que j'aille voir Isabelle Adjani dans Marie Stuart à Marigny... Je suis sûr qu'elle va me faire oublier tout cela. Cette femme, pour moi, c'est la star française !

À quoi attribuez-vous ce nouvel enthousiasme, en France, pour les spectacles musicaux ?
En concert, on va voir des chanteurs. Lorsque l'on va voir un spectacle de danse, on va voir des danseurs, et pour un concert classique, ce sont des musiciens qui nous font venir. Dans une comédie musicale, ce qui est extraordinaire, c'est qu'il y a la rencontre des danseurs, des chanteurs et des musiciens, avec un véritable fil conducteur. Ce ne sont pas des chansons qui se succèdent, il y a une vraie histoire. Le thème du Roi Soleil est un thème historique français ; ça n'a pas été un choix, cela s'est imposé. Il y a actuellement un engouement pour le baroque, que ce soit dans la décoration, le vêtement... C'est une grande source d'inspiration. Nous avons, je crois, le bon sujet au bon moment.

Quels sont les ingrédients pour le succès d'un tel spectacle ?
Un sujet fort, qui parle, qui intrigue et qui soit dans l'inconscient collectif. Ensuite, il faut des chansons, un casting représentatif des personnages, et un super marketing car ce sont des salles de 4 000 places et qu'il faut les remplir. Quand on a tout, si cela ne marche pas, il vaut mieux arrêter le métier !

Comment bâtit-on une chorégraphie ?
Je connais beaucoup de chorégraphes et chacun a sa façon de travailler. Il y en a qui préparent à l'avance, d'autres non, d'autres encore qui montrent les mouvements sur les danseurs. Moi, c'est un mélange de tout, en fonction de l'identité des personnes que j'ai en face de moi, mais un chorégraphe doit montrer les mouvements. J'aime travailler sur les gens, faire des allers-retours entre la salle et la scène.

Comment arrivez-vous à vous renouveler ?
La technique est importante, mais mon choix principal ne se porte pas sur elle pour créer. Je préfère une forte personnalité à une technique extraordinaire. Les personnes vont nourrir ma création et me donner envie de me dépasser. Ce peut être aussi un livre, un magazine, une silhouette dans la rue, une oreille indiscrète au cours d'une conversation...

Vous travaillez sur une production colossale, avec de très gros budgets. Quels sont les freins à la création ?
C'est le manque d'argent, de subventions pour qu'une jeune compagnie puisse entrer en création, faire des costumes, des lumières, avoir un studio de répétition. Beaucoup de jeunes comédiens ou metteurs en scène aimeraient se lancer dans la création mais n'en ont pas les moyens. Il y a trop peu de subventions par rapport au nombre de gens qui auraient la possibilité de faire de jolies choses.

Verra-t-on un jour un ballet Kamel Ouali sur scène ?
Oui, mais avec moi dansant en solo, ce n'est pas sûr. J'ai parfois envie de danser sur le devant de la scène, et puis je préfère rester derrière finalement.

Pourquoi ?
Par timidité !

Existe-t-il un "style Kamel Ouali" ?
C'est un mélange de glamour et d'urbain. J'aime les danseuses très féminines avec en même temps un côté très urbain ; mes danseurs sont très urbains, très civiques. En même temps je vais mettre les filles sur 12 cm de talons et attendre d'elles qu'elles dansent comme si elles étaient en baskets. J'aime bien les accessoires, ce qui est sportif.

Rêvez-vous de créer dans un autre lieu que le Palais des sports ?
Les Bouffes du Nord, le théâtre Marigny, et si ce n'est pas une salle, ce serait l'École des Beaux-Arts, le Grand Palais... Ou la rue, tout simplement.

Quelques dates

1971 : naissance à Saint-Denis.
1981 : premier cours de danse.
1999 : chorégraphie de French Cancan aux Folies-Bergère.
2000 : Première Star Ac.
2000 : Chorégraphie des Dix Commandements.
2003 : Mise en scène de Autant en emporte le vent.
2005 : Mise en scène du Roi Soleil.
2006 : Chorégraphie de l'attraction spectacle Danse avec les robots, au Futuroscope.
Paru le 22/12/2006

(5 notes)
ROI SOLEIL (LE)
LE DÔME DE PARIS - PALAIS DES SPORTS
Du jeudi 22 septembre 2005 au dimanche 7 janvier 2007

COMÉDIE MUSICALE. Le spectacle débute au moment de la Fronde, la révolte contre le cardinal Mazarin. Mais Mazarin, qui a confisqué le pouvoir, fait sonner le canon contre le peuple et mate la Fronde. Anne d'Autriche s'inquiète pour son fils, Louis sera-t-il capable de régner un jour? Et Louis a peur de ne pas être ...

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