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D.R.
Portrait
Anthony Magnier
retrouve le Vingtième Théâtre avec “Bellissimo”

Discret et spontané, ce comédien très à l'aise sur scène marque un temps d'arrêt devant le micro prêt à enregistrer sa belle voix de baryton. Lancé, il nous explique que sa collaboration durant dix ans avec Carlo Boso, venu du Piccolo Théâtre de Milan, l'a poussé à monter sa compagnie Viva La Commedia. Il lui faudra un peu de temps pour former le noyau dur d'une quinzaine de comédiens qui l'entoure. Ensemble, il sillonne la France avec quatre spectacles dont "La Princesse folle" de Carlo Boso et "L'Illusion comique" de Corneille qui ont fait, ces dernières années, les délices d'Avignon.
Régaler les spectateurs n'est pas de tout repos et personne ne peut douter que la commedia dell'arte soit très physique. Avec des chants (variés mais toujours a capella), des danses, des combats, des acrobaties, des accessoires, des changements de costumes, cet art serait même épuisant ! Sans compter la part d'improvisation qu'il comporte, un peu comme le jazz. "On ne joue pas une œuvre littéraire mais un texte fait pour que l'on 's'éclate dessus'. Le tout en prise directe avec le public au milieu duquel on joue, avec nous le quatrième mur n'existe pas !", précise Anthony Magnier avant d'aborder le sujet de la formation. La sienne est pluridisciplinaire et empirique. "J'ai tout de suite compris que j'aimais ce qui était très hétérogène. J'ai donc fait une école de mime, de cirque, sans oublier les cours à la fac." Cet autodidacte doué d'un formidable appétit d'apprendre découvre dans les livres ce qu'il devait savoir de l'histoire et du comportement de l'acteur au temps de la commedia dell'arte au xvie siècle. Pour lui, cette forme de spectacle - loin d'être érudite -, est du théâtre par excellence. Un théâtre populaire, celui des gens de la rue s'exprimant sur scène pour y dire parfois d'ahurissantes bêtises, mais aussi pour lâcher ce qu'ils pensent du pouvoir. "Les riches bourgeois, les pauvres, les femmes, les hommes, tout le monde est représenté sur scène avec son droit de parole, le tout en riant. C'est l'envie de faire la fête au-delà de tout ce qui arrive de difficile dans la vie."

À la question de savoir si le masque empêcherait d'être reconnu, Anthony Magnier sourit avant de préciser qu'il est toujours aisé de déceler, sous le masque, l'énergie, la gestuelle et, donc, l'identité du comédien. Toujours est-il que pour s'assurer d'être largement connue et afin de porter le spectacle dans la rue, la troupe sillonnera Paris en reprenant la coutume festive des parades venue d'Avignon. Une occasion de laisser admirer de très beaux costumes, façonnés avec minutie et à la main selon les précieuses indications de l'époque.

"Quelle noble et difficile tâche que de faire tous les soirs rire les gens !", lance Anthony Magnier heureux de citer Molière en conclusion. Ces recettes du divertissement (l'émotion et la sincérité) la compagnie Viva La Commedia peut se targuer d'en détenir les secrets, elle qui peut faire rire à gorge déployée un public retrouvant, à son contact, le regard spontané et émerveillé des enfants.
Philippe Escalier
Paru le 19/06/2006