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© Laurencine Lot
Portrait
Laurent Terzieff
“Mon lit en zinc”

Il met en scène et joue, aux côtés de Dominique Hollier et Benjamin Bellecourt, "Mon lit en zinc", "une sorte de thriller psychologique" du Britannique David Hare, au Studio des Champs-Élysées.
"Je suis tombé sur ce texte, car je suis toujours à la recherche d'auteurs qui suivent un peu, non pas l'humeur, mais le goût de l'époque, comme disait Sartre. Le goût de l'époque, c'est ce qui fait qu'une époque a toujours raison tant qu'elle existe et qu'elle a tort quand elle est morte." Le thème principal en est la dépendance, toutes formes de dépendance, qu'il s'agisse d'alcool, de travail, de drogue, d'amour, du regard des autres... Nous pourrions en parler des heures. La conversation, avec Laurent Terzieff, vous dépose très vite hors du temps et de l'agitation alentour. Il y a la voix, il y a le sourire, une certaine douceur ; il y a peut-être "l'intranquillité", de celle qui vient vous dire que la vie ne serait pas grand-chose si l'art n'était là pour lui donner un sens. Puis le sourire à nouveau qui prouve que rien ne vaut la vie, et qu'il l'aime, malgré les blessures, guéries par le théâtre, surtout celui qui vient d'ailleurs... Celui qu'il porte en "éclaireur", en véritable dénicheur, sur nos scènes de France.
N'est-on plus soi-même lorsque l'on est privé de sa dépendance ?

"Nous sommes ce que
nous faisons et ce que nous faisons nous modifie"

"Oui. Moi je suis un existentiel basique et je pense que l'on est ce que l'on fait. Et ce que l'on fait suppose une forme de dépendance. Ne serait-ce que l'investissement au travail ou plutôt dans l'action. Donc, nous sommes ce que nous faisons et ce que nous faisons nous modifie." La dépendance est-elle la seule façon d'exister ? "Je le crois, oui. Ce qui m'attache à cette pièce, c'est - outre le fait qu'il y est aussi question d'amour et d'amitié -, qu'elle est, à travers celle de l'alcool, la métaphore de toutes les dépendances. Il n'y a pas de moi sans toi. Nous sommes aussi dépendants de notre propre corps. La pièce nous conduit à une réflexion sur la liberté : choisir de vivre avec sa dépendance et rester plus ou moins soi-même, y renoncer et donc renoncer à ce que l'on était." Partant de là, le travail de Laurent Terzieff a consisté à ne jamais parasiter la lecture que chacun pourra se faire de ce texte. L'opportunité lui étant donnée au sortir de la salle, de réécrire sa propre pièce. "C'est pour ça que je fais du théâtre !" Totalement dépendant de son cher théâtre, Laurent Terzieff ? "Tout ce que je lis, tout ce que je fais a un rapport avec le théâtre. Il y a une interaction entre mon vécu quotidien en dehors du travail, et le travail lui-même, alors c'est vrai que là, maintenant, j'ai envie de respirer un peu, envie de réfléchir aussi..." Et voilà que nous l'imaginons à son tour écrivant en regardant la mer, celle qui brode les contours de Belle-Île, ou bien, installé dans un café imaginant le destin de ses voisins, s'efforçant de conserver un regard étonné sur la vie. "Avant de faire ce métier, j'ai beaucoup hésité, j'étais titillé par le besoin d'écrire, mais à 15 ans je me suis regardé dans une glace en me demandant ce que je pouvais apporter aux gens. J'ai pensé que je pouvais leur apporter quelque chose en étant acteur et metteur en scène."
Propos recueillis par Jeanne Hoffstetter
Paru le 15/05/2006
MON LIT EN ZINC
STUDIO DES CHAMPS-ELYSEES
Du mercredi 3 mai au dimanche 29 octobre 2006

COMÉDIE DRAMATIQUE. Le thème principal est la dépendance: dépendance à l’alcool, à l’amour, ou aux éphémères poussées d’adrénaline des affaires. Nous voyons un poète impécunieux, alcoolo repenti, Paul Peglow, engagé par un millionnaire ex–marxiste, Victor Quin, comme rédacteur dans sa société Internet en pleine expan...

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