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D.R.
Zoom par François Varlin
Mazout et Neutron
Effroyables humains

"Viens rire avant de mourir !" L'invitation fait froid dans le dos. On y va pour rire, on y rit jaune. L'affolant humour de Mazout et Neutron s'installe au Vingtième Théâtre du 29 juin au 31 juillet.
De Jean-Marc Royon ou Guy Zollkau, il est difficile de retenir lequel est Mazout et lequel est Neutron. Deux tronches, deux trognes à faire fuir, qu'ils se composent soigneusement avant de monter sur scène, celle d'un grand bossu édenté idiot et celle d'une petite teigne tassée et hargneuse. Jean-Marc a suivi la voie bien classique de formation au théâtre, Guy, lui, est autodidacte et vient du théâtre de rue.
De leur rencontre, il y a dix ans, est né ce duo comique, grinçant et peu commun : Mazout et Neutron.

Un duo d'excellence

Cinq ans pour se connaître et cinq ans de spectacle déjà derrière eux. Une complicité très forte. Leur connivence venait du rire essentiellement, si l'un commençait une blague, l'autre la terminait, avec leur bagage respectif de comédiens, il n'en fallait pas plus pour leur donner l'envie de monter un vrai spectacle. Un duo qui traite de manière clownesque du côté monstrueux, violent de l'humain que l'on a tous en nous, que l'on réfrène ou que l'on exalte. Les films italiens des années 70 leur sont une source d'inspiration, images de Dino Risi, d'Ettore Scola, drôles et noires en même temps, engagées socialement. Un comique un peu affreux, sale et méchant, un duo d'excellence marqué des traits dominant et dominé, grand et petit, black et blanc, méchant et benêt... Mazout et Neutron
personnifient le monstre qui sommeille en chacun de nous. "L'humanité grouillante des bas-fonds", comme ils disent.

Un duo au vitriol

Ils en conviennent, le spectacle peut mettre mal à l'aise. Les réactions du public naviguent entre le rire à gorge déployée et la perception du fond de manière très sérieuse. Le système de référence de leurs deux clowns est la télé-réalité, Mazout et Neutron ont bien compris que ce qu'aime le public c'est voir le sang, la douleur, alors ils le pratiquent en direct, jusqu'à la mort par pendaison de l'artiste sur scène. Jean-Marc et Guy laissent leur personnage se donner en spectacle à la manière du film Le Prix du danger dans lequel, il y a une vingtaine d'années, on envisageait la mort télévisée en direct. Un spectacle qui a aussi sa place en théâtre de rue, d'où il vient, puisque créé à ses débuts en Avignon en 2000, joué en off du off, et payé à la manche. Même s'ils mènent aussi une carrière en solo, Jean-Marc Royon et Guy Zollkau entrevoient l'avenir de leurs personnages, ils souhaitent les porter à l'écran pour la télévision et monter le groupe de Mazout et Neutron pour les interpréter en chansons. Effroyables humains.
Paru le 01/07/2005