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Elsa Zylberstein
D.R.
Interview par Xavier Leherpeur
Elsa Zylberstein
dans « Le Malin Plaisir » au théâtre de l’Atelier

Elsa Zylberstein est actuellement sur la scène du théâtre de l'Atelier, aux côtés de Béatrice Agenin et de Sabine Haudepin, dans Le Malin Plaisir, une pièce de David Hare (Skylight, La Chambre bleue) adaptée par Jean-Marie Besset et mise en scène par Jacques Lassalle. Un sextuor inattendu pour une des affiches les plus prometteuses de la rentrée.
Elsa Zylberstein le dit elle-même : elle aime prendre des risques. Et pour son retour sur scène, elle a choisi un rôle âpre, à contre-courant de ceux qui ont assuré son succès au cinéma et lui ont conféré cette image de brune impétueuse et déterminée. Une image qui lui ressemble sans pour autant la résumer. Évoquer le rôle qu'elle tient dans Le Malin Plaisir, c'est assumer aussi le doute et l'angoisse que suscite chaque soir le défi de lui donner corps. Un challenge qu'elle relève avec une véritable passion.

Starter Plus : Parlez-nous de votre rôle...
Elsa Zylberstein : Je joue Catherine, une jeune femme au passé douloureux. Elle a connu des galères, été alcoolique, prostituée occasionnelle... Un jour, elle a rencontré un homme qui lui a donné confiance. Il est devenu son époux. Elle s'est mise alors à croire en elle-même.
Lorsque son mari meurt, elle replonge. Et cette jeune veuve se retrouve au milieu d'une famille, catapultée comme un boulet, belle-mère de deux filles plus âgées qu'elle. C'est le point de départ de la pièce.
C'est une femme qui souffre d'un manque intense d'amour, capable d'une extrême violence et d'une grande perversité. C'est assez nouveau pour moi.

S P : Comment fait-on pour affronter chaque soir un personnage d'une telle force ?
E Z : C'est une vraie mise en danger, qui n'est d'ailleurs pas facile à vivre. Je me débrouille comme je peux avec ce sac de nœuds d'émotions que je vis chaque soir. Au théâtre, il faut avoir envie de s'y jeter à cent cinquante pour cent. C'est d'une violence inouïe. Je sais que ce n'est pas en étant au bord du plongeoir et en regardant le rôle de haut que j'en ferais quelque chose. Il faut que je plonge car je sais que dans le cas contraire il ne se passera rien. Mais c'est un risque. J'y vais parce que j'y suis obligée. Et que quelque part cette idée de me dire que je ne peux pas y échapper me plaît. C'est pour ça que le théâtre est important. On n'a pas le temps de se trouver de faux prétextes pour se dérober.

S P : Comment s'est déroulé votre travail avec Jacques Lassalle ?
E Z : Extraordinaire. C'est un metteur en scène capable de parler d'un personnage pendant trois heures. Il sait qui est Catherine. Il n'a rien à faire des effets superflus. Tant que je n'ai pas trouvé au fond de moi ce qu'est cette phrase ou pourquoi Catherine la prononce, il me pousse à aller plus loin, à chercher la vérité.
Paru le 15/11/2000