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D.R.
Dossier par François Varlin
Les auteurs contemporains
Jean-Marie Galey

Avec un ouvrage "Comédie française, roman" (Éd. Écriture) paru au printemps dernier, et cette nouvelle pièce "Hugo, les tables tournantes", l'acteur Jean-Marie Galey se présente à nous sous un jour nouveau, celui d'auteur.
Starter Plus : Vous êtes ici auteur et metteur en scène...
Jean-Marie Galey : C'est la première fois que j'écris pour le théâtre. À l'origine, je suis comédien. J'ai joué avec beaucoup de metteurs en scène et, parfois, j'ai besoin de me mettre de l'autre côté. Connaissant bien les acteurs, j'aime les diriger, donc il m'arrive de mettre en scène.

S. P. : Pourquoi ce choix de Victor Hugo ?
J.-M. G. : Je ne suis pas un "hugolâtre", mais j'aime beaucoup son style. Antoine Vitez disait de lui qu'il est le Wagner français. Cette pièce n'est pas un hommage à Hugo, c'est un pan de sa vie que j'ai voulu explorer.

Après la révolution de 1848, Napoléon III exile hors de France Hugo avec toute une bande de proscrits. Ils se réfugient dans l'île de Jersey et pendant deux ans vont souffrir. Seuls face à eux-mêmes, ils vont faire quelque chose d'incroyable : faire tourner les tables. Toutes les nuits, lui, le génie de l'humanité, fait tourner les tables. La raison principale c'est qu'il a perdu sa fille Léopoldine noyée dix ans auparavant. Au début, il n'y croit pas, puis cela le soulage, l'amuse et le conforte. Ces séances ressemblent aux expériences qu'effectueront plus tard les surréalistes dans la "période des sommeils", et aussi plus près de nous à l'aventure psychanalytique. Mais à l'époque, Hugo, n'ayant pas d'alibi intellectuel, il prendra peur et demandera que l'on n'en parle jamais. Ce n'est que soixante années après sa mort que l'un des exécuteurs testamentaires extirpe des archives les procès-verbaux de ces séances de spiritisme.

À partir de cela, j'ai écrit une pièce autour d'un homme, Hugo, et j'ai fabriqué un contexte familial : sa femme, sa fille, son fils...

S. P. : Avez-vous assisté vous-même à des séances de spiritisme ?
J.-M. G. : Ce n'est pas très compliqué : on fait cela sur des bois légers, des guéridons, et par le magnétisme de l'imposition des mains, ils se soulèvent aisément et frappent. Si on institue un code alphabétique comme le morse, on arrive vite à faire des phrases, et curieusement elles correspondent à une pensée collective. C'est quasi scientifique.

S. P. : Pourquoi avoir choisi ce théâtre ?
J.-M. G. : La Ville de Paris a initié l'affaire, Hugo est un poète français et nous sommes dans la Maison de la Poésie, le directeur Michel de Maulne, est passionné par la question, et le théâtre convient parfaitement, car on y a un très bon rapport avec le public.
Paru le 01/09/2002